13 octobre 2008
D’habitude elle est normale
Arrivée dans le magasin, elle fait une première chose stupéfiante : elle sort une liste. En même temps, elle fait tout le temps des listes. Mais là, plantée au milieu de la boutique, elle a brandi sa liste avec un regard littéralement illuminé et j’ai assez vite compris que j’allais assister à quelque chose d’aussi extra-ordinaire que la reproduction des tortues de mer : une fille normale en plein épisode névrotique. D’abord, il fallait du déo X. Je me retourne et lui montre que « bah tiens, ça tombe bien, on est au rayon de la marque X ». Son visage s’obscurcit. Et de m’expliquer que ce n’est pas n’importe quel déo X, pas celui avec la bille, ni le stick, ni le grand spray, mais le petit de poche avec un pchitt. Je vois très bien, je me rappelle de la pub en 1999. Evidemment, au milieu des 3 milliards de déos du BHV, il n’y avait pas celui-là puisqu’à mon avis ils ont arrêté la production en 2003.
Pourtant, elle a commencé mollo. Il fallait des posts-it. Mais des posts-it sans motif imprimé. Mais pas les carrés parce que vous comprenez bien C’EST PAS PRATIQUE POUR FAIRE DES LISTES.
C’est donc passablement contrariée qu’elle est passée au rayon stylos. Pratique, ça répondait à une question que je me suis souvent posée le soir en m’endormant : mais qui peut bien encore acheter des stylos ? Une fois le bac en poche, on se vole tous les stylos les uns les autres. C’est un peu comme les briquets. Mais je dois vraiment avoir une sacrée déficience intellectuelle pour ne pas avoir anticiper la raison de cet achat. Parce que ce n’est pas avec n’importe quel stylo qu’on peut faire de bonnes listes. Non. Il faut le BPS-matic fin, encre ultra soft, cône métal résistant. Miracle, ils en avaient. La preuve en image
Et enfin, le clou, dans la bible ils appellent ça l’apocalypse, l’achat d’un cahier. Là, je commençais à être rodée. J’étais certaine qu’elle avait une prise de position très politique sur spirale ou pas spirale et qu’elle allait nous casser les couilles avec la taille des carreaux. Et bin, je l’avais sous-estimée. J’étais encore en-dessous de la vérité. D’abord, spirale. ok. Ensuite je lui demande « petits ou grands carreaux ? » et là, je la sens bizarrement évasive. Fuyante. Finalement elle me lâche « lignes horizontales ». Ah ouais… Quand même… Le truc dont personne se sert. Par miracle, j’arrive à lui trouver un grand cahier à spirale ligne horizontale. Elle y jette un coup d’oeil d’experte. « Non, ça va pas. » Mon regard ahuri passe alternativement du cahier à la copine en plein épisode névrotique. Bon sang mais c’est bien sûr, le problème c’est qu’il y avait des marges autour des pages. Et il fallait des lignes horizontales qui vont jusqu’au bout de la feuille. On cherche avec l’aide de deux vendeurs. Et ils nous trouvent un grand cahier avec spirale et des lignes horizontales qui vont jusqu’au bout de la feuille sans marge. Impeccable. Du bout des doigts, elle prend le cahier. Le suspens est à son comble. Dans les cinq étages du BHV les clients ont cessé de respirer. D’un air taciturne elle le feuillette, peut-être même avec une pointe de dégoût. Je l’encourage d’un « il est parfait celui-là, non ? » Et là, vous y croirez ou pas mais je vous jure que c’est véridique, elle baisse vers moi un regard super embêté avant de me répondre :
– Il a trop de pages.
CE POST EST DEDIE A JEAN.
Mouhahahahahaha… ta copine, ça pourrait être moi ! Mais en général, j’évite d’aller dans des papeteries avec des gens que je connais, j’aurais trop honte ^^
le 6 août, 2010 à 12 h 47 minC’est grave si je me reconnais complètement dans ce comportement « anormal », entre excitation et fascination ? Bon OK, ça me fait toujours ça quand je rentre dans une papeterie et alors…
le 21 juillet, 2013 à 14 h 57 min