19 avril 2011

Comment j’ai essayé le sport, part 3

L’autre jour, j’annonçais donc que j’étais partie en reportage sur le terrain. Et c’était vrai, je suis allée parler de ma vie et de philosophie avec nos charmants amis les scientologues. Une expérience brillamment narrée par moi-même dans ces deux papiers dont les liens suivent ci-joints : J’ai testé la scientologie et c’était pas bien (le test) ET J’ai testé la scientologie et c’était vraiment à chier (la rencontre). Je vous conseille la lecture des commentaires sur ce deuxième papier parce qu’aller à la rencontre de l’Autre et essayer de le comprendre, c’est important.

Malgré tous ces lourds traumatismes liés aux cours d’EPS, j’ai donc décidé de faire du sport, parce que vaguement dans mon esprit, je me disais qu’en état d’épuisement, pratiquer une activité sportive me redonnerait la forme.

Tout le problème étant évidemment de choisir quel mode de torture me satisferait le mieux. En gros, j’aime les sports cons, débiles, qui n’ont aucun sens et aucun but. Par exemple faire des séries d’abdos.

Du coup, je suis plutôt attirée par les sports de poufiasse.

Là, vous allez me dire « ah, t’as essayé la gym suédoise !! » La gym suédoise, c’est le sport qui fait des ravages chez les trentenaires parisiennes.

Mais non. Même pas.

J’ai réussi l’incroyable exploit de trouver encore plus pétasse que la gym suédoise : l’aquabike.

Rien que le nom fleure bon le gloss à la fraise.

Mais l’aquabike kékecé ?

On va pas y aller par 4 chemins en essayant de se faire croire qu’il y a des règles complexes (surtout que ça fait 3 posts que ça traîne cette histoire). Donc : ça consiste à pédaler au fond d’une piscine sans avancer. Franchement, peut-on imaginer plus con que ça ? Non. Et hop, deuxième critère rempli.

Ca se pratique dans des petites piscines spécialisées. (Comprendre : c’est cher, je dis ça à l’intention des amis jeunes qui sont fauchés. Vous ferez du sport de poufiasse quand, comme moi, vous aurez renoncé à toute vie sociale pour consacrer votre existence au travail.) Y’a des vélos attachés au fond de la piscine, vous avez de l’eau jusqu’à la poitrine, et vous pédalez en rythme sur de la musique de pouf. Enfin… ça, c’est en théorie.

Là, il est temps que je vous précise une chose : je ne sais pas faire de vélo. En général, on me dit « c’est parce que t’as jamais essayé ». Et bah non. J’ai essayé, j’ai échoué. Je n’y arrive pas. J’ai un problème 1°) d’équilibre, 2°) de coordination des mouvements. (D’ailleurs, dans la vie de tous les jours, je suis en permanence couverte de bleus.) Mais bon, pour l’aquabike, je me suis dit que c’était pas bien grave. Voire justement, j’aurais vaguement la sensation de savoir faire du vélo.

Pour mon premier cours, je suis tombée sur Musclor comme prof. On m’avait prévenue que Musclor était un peu… tonique. Tu m’étonnes…

Je m’installe sur le vélo.

Et là, Musclor rigole. Les autres élèves rigolent aussi. « Ah non ! On enlève la selle ». Hein ? Cette espèce de gros malade a vraiment enlevé la selle de mon vélo. Après, j’ai fait des cours avec d’autres profs. Comprendre d’autres profs qui n’enlèvent pas la selle. Et je vais vous dire pourquoi leur bon sens leur fait laisser le vélo en entier plutôt que de le dépecer. Parce que, en gros, on fait des exercices par session de deux minutes et après on a un repos de 20 secondes. Sauf que quand t’as pas de selle, tu fais quoi pendant ton repos ? Bah tu continues à pédaler à moins d’avoir envie de t’empaler la chatte sur une barre en fer carrée. (En même temps, en l’écrivant, je me dis que ce dilemme aurait mérité une vraie réflexion de ma part.)

Sinon, dans les descriptions que j’avais lues sur l’internet des magazines féminins, les meufs disaient que l’aquabike c’est super, on fait du sport sans s’en rendre compte, c’est pas du tout fatiguant. Et là, disons le tout net : ces meufs mentent, elles ne sont jamais allées à un cours. (Ou alors, elles y sont allées avec leur carte de presse tatouée sur le front.) Parce que pédaler debout sans selle avec des haltères dans les mains (ah oui, c’est vachement complet comme sport) c’est pas « pas du tout fatiguant » c’est crevant. Comme dans crever. Comme dans mort. Comme dans plus jamais ça.

Je sais pas comment je m’y suis prise mais à peine 5 minutes après le début du cours j’avais déjà retrouvé mon statut de mauvaise élève reloue. D’abord, je faisais mal les exercices. (On se refait pas hein.) Quand il a été question de pédaler à l’envers, c’était juste hors de porté de mes capacités. J’ai pas réussi. Musclor m’a alors très justement fait remarquer « ah oui, ça c’est un problème de coordination des mouvements… » OUI, JE SAIS, MERCI.

Donc je râlais. Quand il regardait pas, je ralentissais mon rythme de pédalage. Quand il me disait d’aller plus vite, je le regardais avec, vous savez, ce charmant regard que j’ai parfois où se mêlent mépris et arrogance comme avec le rabbin, et je lui disais « bah non. Pas plus vite. Parce que je peux pas. » D’autant plus sûre de moi que, contrairement aux cours d’EPS, là, je paye. Je suis cliente donc si je décide de pas aller plus vite, je vais pas plus vite.

J’ai enfin trouvé une illustration pour le regard qui tue :

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Et ce qui pourrait expliquer d’où me vient ce regard naturellement méprisant :

tumblr_liqyyyovs01qhrrjio1_500(Petite, j’ai tout fait pour ressembler à Kelly Kapowski.)

Il y a eu deux moments gênants pendant ce premier cours.

Moment gênant n°1

On est en plein effort. On en chie grave. Pour nous encourager, le prof parle fort. Aka la méthode militaire. Ca rappelle un peu les scènes humoristiques pas drôles dans les films ou les séries avec un instructeur qui fait répéter n’importe quoi à ses soldats. Bref. Je me comprends. Sur le moment, j’écoute pas trop ce qu’il raconte. Je suis concentrée sur ma mort prochaine, parce que mourir c’est quand même un moment important dans une vie, tant qu’à faire j’aimerais ne pas le rater quand ça va arriver, dans quelques minutes, suite à une crise cardiaque. Pédale pédale, lève les bras, pédale, rétropédale. Et à un moment le prof demande d’une voix hyper forte : « ON AIME LE SPORT ? » Et là, c’est sorti tout seul. J’ai crié, mais genre crié, « NOON ». Y’a eu un silence. Le prof m’a dit « non mais ça va pas ? ». Les autres filles m’ont regardée avec l’air de penser « bah oui, on n’aime pas le sport, sinon on ferait pas de l’aquabike mais on le sait, ça sert à rien de le hurler meuf ».

Moment gênant n°2

Aller faire du sport en maillot de bain c’est gênant. Mais il y a une espèce de règle implicite qui veut que non, on ne se jauge pas entre meufs (« tiens, elle en a plus besoin que moi ») et surtout que le prof ne nous mate pas. Règle de base.

Sauf que voilà, cette règle a été irrémédiablement foulée aux pieds par Musclor. C’était au moment d’un exercice présenté comme « Allez les filles, maintenant on passe à l’exercice anti-cellulite ». A ce moment-là, ça faisait déjà 30 minutes que j’étais la mauvaise élève qui fait tout de travers et qui, en prime, râle. (Je sais pas si je vous l’ai déjà dit mais je suis parisienne de naissance.) Bref, le boulet. Et donc, après avoir annoncé cet exercice, accueilli par des cris d’enthousiasme par les autres filles, Musclor se retourne vers moi et dit « bon, toi t’en as pas besoin mais on va dire que c’est préventif ». Ok. Donc il aurait voulu que le reste du groupe me déteste il ne s’y serait pas pris autrement. A la limite, y’aurait eu que des nanas de 50 ans et j’aurais été la plus jeune, pourquoi pas. Mais même sans la regarder, j’ai senti se remplir de larmes les yeux de ma voisine de vélo, approximativement âgée de 16 ans. (Très jolie petite blonde d’ailleurs.) Et en prime, ça voulait quand même dire que Musclor nous mate le cul quand on rentre dans la piscine. (En outre, il a menti. J’ai évidemment de la cellulite comme tout le monde parce que chez moi non plus la nature a pas trouvé d’autre moyen de stocker la graisse qui sert à nourrir les bébés. Juste j’en ai peu, mais comme je fais 40 kilos ça serait quand même la grosse lose d’avoir un physique de somalienne ET d’être couverte de cellulite.)

Au final, je suis plutôt convaincue par l’aquabike. C’est-à-dire que je continue à y aller. (J’en ai même rêvé. En fait, j’ai rêvé que Giuseppe de Qui veut épouser mon fils avait un moignon comme Jamel Debbouze et qu’il me donnait un cours d’aquabike.)

Le seul problème avec l’aquabike c’est que ça reste quand même du sport. Résultat j’ai mal aux muscles. (Incroyable le nombre de muscles qu’on a dans le corps.) (A moins que je me sois cassée des os.) (Dans ce cas : incroyable le nombre d’os qu’on a dans le corps.)

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Je sais pas vous, mais moi j’ai cru qu’on arriverait jamais au terme de ce post sur le sport. 3 posts pour dire que j’ai fait du vélo dans une piscine. Après, on se demande pourquoi Twitter c’est pas trop mon mode d’expression privilégié…

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15 avril 2011

Un écureuil, des chiens, Buscemi, internetic, migraine

Je vais continuer ma grande aventure de le sport mais aujourd’hui j’ai mal à la tête. Chose incompréhensible puisque ça fait deux semaines que j’ai arrêté de boire comme un trou. D’ailleurs, je pense que je vais bientôt être déchue de ma nationalité bretonne. Bref. Mon test du sport, ce sera pour le prochain post. Aujourd’hui, on va plutôt cureter le web.

Et justement, en parlant d’alcool, les lecteurs attentifs auront remarqué que ma préférence va très nettement à la vodka. J’aime la vodka comme le koala aime l’eucalyptus c’est-à-dire avec une passion à la fois tranquille, mignonne et vitale. En ex-URSS, aka la Russie, ils aiment autant la vodka que moi, mais leur gouvernement est incapable de comprendre le sens profond de la vie alors il a lancé une campagne de prévention contre l’alcool. Sauf qu’ils auraient dû deviner que prendre comme mascotte dissuasive un écureuil bourré c’était un peu contre-productif. Qui n’a jamais rêvé un jour d’être réincarné en écureuil bourré ?

Evidemment, les fabricants de vodka, eux, ont bien compris qu’on venait de leur servir sur un plateau un appel à la consommation. Du coup, ils ont fait des bouteilles comme celle-là :

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Un autre genre d’animaux bien barrés. Combien d’heures d’entrainement pour arriver à ça ?

Sinon, le nouveau meme qui agite l’interweb et que j’aime beaucoup c’est Chicks with Steve Buscemi eyes. Soit des reustas sur lesquelles on colle les yeux globuleux de Steve Buscemi (interlude conseils séries télé : regardez Boardwalk Empire). J’arrive pas à m’expliquer pourquoi mais ça a quelque chose de magique. Et de fascinant. Sans doute parce qu’à la fois on reconnait la star et qu’en même temps ça fait un nouveau visage assez crédible.

Rihanna Buscemi

Rihanna Buscemi

Vice Presidential Debate

Sarah Palin Buscemi

LEISURE OSCARS

Natalie Portman Buscemi

avril lavigne buscemi

Avril Lavigne Buscemi

Mais du coup, il y a aussi eu l’inverse, à savoir Steve Buscemi avec des yeux de reusta. Et ça marche aussi.

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Et évidemment, las but not least, Steve Buscemi with chicks eyes

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Pour les drogués de l’interweb, Jed d’Urlesque a fait un remake de la chanson des Daft Punk :

\o/

Sur ce, bon week-end les petits enfants

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6 avril 2011

Comment j’ai essayé le sport, part 2

Donc, j’ai décidé de me REmettre au sport. (Je vous jure, on va finir par y arriver mes amis…)

On a tous un passif avec le sport. Le mien se résume par : j’aime pas ça. Pour une raison simple : je suis nulle en sport. Je tiens à être honnête, si j’avais été forte en gym, je n’aurais pas nourri la même détestation. Et tout ça, c’est la faute de l’Education Nationale. (Si un jour j’ai une maladie qui aurait pu être évitée avec une pratique régulière du sport, je compte bien intenter un procès à l’Etat.) (En ce moment, je regarde The Good Wife, et je me sens capable de plaider à peu près n’importe quelle cause. C’est bien comme série. C’est produit par Tony et Ridley Scott. C’est avec Julianna Margulies d’Urgences, et y’a un personnage, Kalinda, qui rappelle un peu Lisbeth Salander de Millenium.) (Oui, je sais, faut que j’arrête de vous noyer sous toutes ces références culturelles.)

Pour revenir au sport, j’ai en détestation absolue les sports collectifs. Parce qu’à l’école j’étais le boulet dont personne ne voulait dans l’équipe.

J’ai horreur de tous les sports avec ce qu’on nomme dans les fiches pédagogiques de l’Education nationale un « référent bondissant » – ce que la plèbe appelle vulgairement un ballon.

Et puis, il y a eu le drame de la gym, un drame dans lequel une certaine Claire de C. a joué un rôle primordial. Du CP à la 3ème, Claire de C. a été dans ma classe. Cette fille cumulait les raisons pour qu’on la déteste : elle était pétée de thune, pimbêche, jolie, populaire, pimbêche, très bonne élève, pimbêche, ses cahiers étaient toujours impeccables alors que les miens malgré tous mes efforts ressemblaient à l’expression artistique d’une enfant autiste. Bref, Claire de C. était une mini-pute que j’aurais voulu voir brûler en enfer pour lui voler sa vie.

Le jour du drame, nous sommes dans les années 80’, dans un gymnase qui pue, avec tapis de sol à mycoses et cheval d’arçon. On est tous sagement debout devant les tapis de sol. Jusque là, les cours de sport ne ressemblaient à rien sinon à un vaste foutoir dans lequel on s’ébrouait en toute innocence comme de jeunes daims. Mais à compter de ce jour, une chose horrible s’est produite : l’égalité a disparu. Ce jour-là, on a découvert qu’il existait un classement, une hiérarchie, voire carrément un fossé entre les forts et les gros nullards.

Ce jour-là, le prof nous a demandé de faire la roue.

On allait passer un par un, devant le reste de la classe. (Là, y’a clairement matière à gagner mon procès contre l’Education Nationale pour préjudice moral grave.) Il demande d’abord à Claire de C. de commencer parce que cette petite pute, non contente de nous écraser à tous les niveaux, était en prime championne de GRS. Pour vous, ça ne veut peut-être rien dire, mais pour les gamines qui comme moi avaient pour référence existentielle absolue ça :

autant dire que la GRS c’était la vie. Nous sommes aussi à une époque où M6 diffusait à peu près toutes les semaines un téléfilm retraçant la vie de Nadia Comaneci.

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Claire s’est approchée du tapis de sol, droite comme un i, a posé ses mains par terre et s’est lancée avec grâce dans ce qu’il faut bien qualifier de plus belle roue jamais exécutée par un être humain. Y’a eu un moment de stupeur dans l’assemblée. Ensuite, le prof lui a demandé de la refaire mais au ralenti (pfff… trop facile quoi) pour que nous observions bien la perfection de ses mouvements. Elle a refait sa roue, absolument impeccable, les jambes tendues vers les astres, le buste droit, dans un alignement parfait de tout le corps. Cette roue-là, c’était presque la preuve de l’existence de dieu.

Moi, j’étais un petit oisillon maladroit et innocent. Je n’avais même pas encore découvert que j’avais un sérieux problème de coordination de mes mouvements. Et surtout, je pensais naïvement que si un prof me demandait de faire quelque chose, le prof étant un adulte qui avait toute la sagesse du monde, c’est qu’il savait que j’y arriverais. Parce que soyons clairs : quel intérêt de demander à un gosse de faire un truc qu’il ne sait pas faire ? A part si on veut l’humilier profond.

Donc quand ça a été mon tour, j’étais plutôt confiante.

Sauf que déjà, je partais avec un handicap, à savoir que je portais un jogging rouge de la coupe dite « on sait pas si j’ai fait caca dedans ou si je porte encore des couches ». (Claire, elle, portait d’élégants caleçons moulants. Dans les années 80’, le caleçon était considéré comme un objet élégant, oui, surtout s’il était avec des motifs bariolés.) Je préfère passer pudiquement sur cette scène où mes bras se sont révélés incapables de se tendre, où mes jambes sont restées repliées et où, à un quart de roue, elles sont retombées comme deux enclumes sur le tapis de sol – de toute façon j’avais pas réussi à les lever au-delà de 60 centimètres, donc autant dire que les faire passer au-dessus de ma tête c’était pas envisageable. Tout cela pour exécuter ce qu’il faut bien qualifier de plus réussie imitation de crapaud constipé. Cette roue-là, c’était la preuve de l’existence du dieu du caca (poo’s god) et petite chanceuse que j’étais, il m’avait choisie pour être sa représentante sur terre.

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La classe a éclaté de rire et je suis restée stupéfaite.

Pourquoi j’y arrivais pas alors que ça avait l’air tellement facile pour les autres ?

Ayant une force de caractère proche de zéro, j’en ai conclu une chose : j’étais nulle en sport. C’était inné. Il ne servait à rien de lutter.

Comme j’avais vraiment pas le cul bordé de nouilles, du CP à la 3ème, je me suis tapée tous les cours de gym avec Claire de C. Et je suis devenue le cauchemar des profs de sport.

Le reste de ma scolarité, quand je pensais à la vie des adultes, je me disais systématiquement que c’était une vie sans cours de sport. Donc une belle vie.

Partant de là, c’était pas gagné pour que je refoute spontanément les pieds dans un endroit dédié à la pratique d’un sport.

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31 mars 2011

Comment j’ai essayé le sport, part one

Firstement, je vous demanderai poliment de cliquer sur le lien ci-joint qui vous conduira vers un article que j’ai joliment intitulé RIP l’homme occidental.

Segundamente, je n’ai pas posté depuis longtemps et j’en suis contrite.

« Je suis un paumé et j’ai l’intention de rester un paumé jusqu’à 29, 30 ans. » (Vous suivez ou pas du tout ? cf post précédent, enfin… vu mon rythme de publication vous avez le droit d’oublier hein.)

Les lecteurs jeunes hochent la tête en pensant « grave, moi aussi, tout pareil ». Et là, je me gausse devant tant d’innocence et de naïveté. (C’est comme mes amis jeunes qui m’assurent que eux, ils continueront à très bien récupérer des nuits blanches quand ils auront mon âge. Mèbiensur.) Vous ne SAVEZ PAS ce qui vous attend. J’ai z’été jeune moi aussi, j’ai fait la teuf, j’ai rien branlé pendant des années à part ma nouille et celle de mes amis en lisant du Baudrillard. Et c’était bien. (A part que je vivais avec 700 euros par mois en me coltinant des jobs de merde mais bon, lire Baudrillard en fumant des clopes roulées ça n’a pas de prix.) (Sachez que ce post a pour sujet le sport, je le précise parce que ce n’est pas immédiatement évident.)

J’étais perplexe devant les gens plus âgés, souvent free-lance, qui avaient l’air de bosser comme des crevards dans un but assez obscur si ce n’est payer leurs apparts qui étaient beaucoup plus beaux et chers que le mien. J’étais mi-pétri de jalousie parce qu’ils avaient l’air d’avancer dans la vie (c’est-à-dire d’avancer vers autre chose que la prochaine soirée vodka).

Mais je savais que jamais je ne deviendrais comme eux parce que :

1°) j’aime pas travailler,

2°) j’ai besoin de 9h de sommeil par nuit. Pas par semaine comme la plupart des gens qui m’entourent.

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3°) je savais même pas ce que je voulais faire dans la vie. J’avais une espèce de théorie comme quoi il fallait que j’aie lu tous les livres du monde avant de me décider. (Ce qui sous-entend que je pensais aussi que je vivrais éternellement.) (C’est sympa un jeune mais qu’est-ce que c’est con.)

Résultat quelques années plus tard : je bosse comme une tarée. Avant, du temps de folle jeunesse, quand on me demandait comment ça allait, je répondais « j’ai la sensation d’être à un tournant de ma vie, je me demande si toute parole n’est pas profondément rhétorique mais en définitive ça ne serait pas très grave parce que le monde est en-dehors de toute morale et qu’il nous restera à jamais inaccessible. Ah et sinon, j’ai gerbé mes tripes à la dernière soirée, et après Thomas m’a rappelée et je lui ai dit que c’était pas possible mais qu’on pouvait toujours niquer encore une fois. » Maintenant, je réponds « Je suis fatiguée, j’avais un texte très difficile à écrire pour Arte sur l’après cancer du sein, j’espère que je m’en suis bien sortie, c’est pas évident à traiter comme sujet, j’ai pas trop de légitimité à écrire dessus. Sinon, j’ai des projets avec des maisons d’édition mais niveau timing ça va être super chaud de tout gérer. D’ailleurs, ça me fait penser qu’il faut que je vérifie les chiffres de vente de Kata-Sutra. AH… Merde… j’ai oublié de répondre à un mail urgent, excuse-moi. »

Et après, on va me dire que le travail, c’est pas de l’aliénation…

Ce qui nous amène d’ailleurs subtilement à la question que je m’auto-posais en octobre 2009 (comme s’en sont souvenus de fidèles lecteurs que je salue) : A quoi ressemblera ma vie en mars 2011. Bah je pouvais imaginer beaucoup de choses mais franchement pas ça. Ma vie a à peu près autant d’ordre et de cohérence qu’un bordel de transsexuels brésiliens au XIXème siècle. C’est-à-dire un foutoir (de la lexie « foutre » évidemment) où tout est possible et rien n’est clair et il se passe pleins de trucs mais comme les recoins sont obscurs on comprend pas trop quoi.

Mais comment suis-je devenue une forçat du travail ? Il s’est passé qu’on me propose plein de boulots et que j’ai besoin de tous les accepter parce que l’argent ça coûte cher et que mon appart est un palais qui siphonne tout mon budget. Il s’est passé aussi qu’on est généralement mal payés dans la vie. Et là, PAF, je vous file les chiffres de la déprime. On entend souvent qu’avant c’était moins dur parce qu’il y avait moins de précarité, on oublie autre chose, à savoir que l’écart de revenus entre les générations s’accroît. Comme l’expliquait Quentin (Girard) et Louis (Chauvel) : « en 1975, les salariés de 50 ans gagnaient en moyenne 15% de plus que les salariés de 30 ans. Aujourd’hui, l’écart est passé à 40%. » Fucking god… 40% d’écart. Enculés de vieux.

(Le sujet de ce post est toujours le sport, ne l’oublions pas.)

Il faut aussi dire que j’ai sciemment décidé de bosser comme une crevarde jusqu’en juin. Me demandez pas pourquoi, j’en sais rien. Je crois que c’est un mixte entre une remontée de ma période SM, une théorie totalement utopique de « si je bosse beaucoup pendant six mois, après je peux glander pendant un an » et, avouons-le, un début d’addiction au boulot.

Résultat : le week-end, c’est devenu le moment où j’essaie de rattraper le retard que j’ai pris la semaine et surtout, joie du free-lance, la frontière entre travail et loisirs est devenue aussi poreuse qu’une enceinte de protection de centrale nucléaire bulgare (ça vous fait pas flipper vous, l’état des centrales nucléaires bulgares ? Bah ça devrait.)

Bref.

Tout cela engendre une certaine fatigue, fatigue certaine. Du coup, samedi, j’ai longuement réfléchi aux moyens de lutter contre cette fatigue. J’ai fait des listes. (C’était un samedi particulièrement intense du point de vue émotionnel. Faire une liste c’est quand même potentiellement changer sa vie.)

Je me suis notamment dit que « prendre des vacances » ne changerait rien. Le déséquilibre est plus structurel.

Sur ma liste j’ai donc noté : cure de vitamines (pourquoi manger des fruits quand il existe des comprimés à avaler ?) soupes légumes (je me dis qu’en version liquide, les légumes sont peut-être ingérables, mais ça reste à démontrer) sport. On y arrive. Mais ça sera pour le prochain post.

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20 mars 2011

En attendant la fin du monde, matons la télé

Parlons du Japon. Et de moi. Et disons-le tout net : je suis l’oracle du XXI ème siècle, la pythie du monde post-moderne puisque j’ai anticipé l’anxiété générale avec mon post sur la liste de la mort, liste dans laquelle nous trouvions le tremblement de terre ET le tsunami ET la centrale qui explose. Nous pouvons en tirer deux conclusions :

1°) Dans ma liste, les éléments qui vont nous tuer sont donc combinables entre eux. Tremblement de terre + centrale qui explose. On a tous les éléments pour mettre au point une magnifique infographie de Comment on pourrait mourir en faisant des combinaisons. Ex : « tremblement de terre » serait également combinable avec « accident d’ascenseur ». On pourrait tester plein de combinaisons comme ça, avec à chaque fois une estimation des chances de survie. Malheureusement, je ne suis pas infographiste.

2°) Deuxième conclusion hypothétique (non, c’est pas contradictoire du tout), ce que j’écris sur mon blog arrive dans la vraie vie. Depuis vendredi, mon mantra est devenu « with great power comes great responsability » (avant c’était « avec des croissants au beurre, la vie est plus belle ».) Je vous laisse méditer là-dessus quelques secondes.

Vous avez fini ? Ok. On reprend.

Tout ça forme un état d’esprit fort joyeux qui m’amène à mon deuxième point d’introduction. Au début, ma seule idée d’article sur le sujet Japon c’était d’écrire en Caps Lock ON VA TOUS MOURIR, suggestion qui n’a pas été retenue par mon chef. Et puis finalement, j’ai fait un papier de non-spécialiste total. Dans la profession, on appelle ça du « journalisme assis », voire du « journalisme couché » vu que j’ai fini de l’écrire dans la nuit de mercredi à 1h30 du mat.

Après cet interlude plein de joie, réfugions-nous plutôt dans la fiction. Vous en avez assez des infos à la télé ? Tata Titiou vous conseille un autre programme télé. (Qui n’est pas une nouveauté, y’a déjà deux saisons.) (Et dont plein d’autres gens ont parlé.) (G&G, le blog à la pointe des trucs à la traîne.)

J’étais tombée en amour avec Community et je savais que le phénomène ne se reproduirait pas de sitôt. Et pourtant, cet hiver, lors des longues soirées au coin du feu, soirées pendant lesquelles j’aime à me prélasser, nue, sur une peau de bébé zèbre fraîchement dépecé, j’ai quand même eu un autre kiff télévisuel : les Misfits.

Au départ, c’était pas gagné.

D’abord, prendre le titre du dernier film de Clark Gable avec Marilyn Monroe, western métaphysique en noir et blanc, hérissait un peu les poils de ma peau de bébé zèbre.

Ensuite, c’est une série anglaise et j’aime pas les séries anglaises. Désolée. Arrêtons le politiquement correct. Depuis des années Tim Burton fait de mauvais films, la voix de Bjork m’a toujours exaspérée et j’aime pas la qualité d’image des séries anglaises.

Enfin, le pitch des Misfits est effrayant de nullité : suite à un orage, des jeunes délinquants se retrouvent avec des super-pouvoirs.

Sauf que les scénaristes ont complètement dézingué les codes du genre. C’est l’anti-Heroes. Le concept même de super-pouvoirs est traité à l’inverse. Là, il ne s’agit pas de sauver le monde mais sa propre gueule.

Résumons : 5 jeunes qui ne se connaissent pas se retrouvent ensemble pour faire des TIG (travaux d’intérêt général). Premier intérêt dramatique : découvrir pourquoi chacun a été condamné. Deuxième : il n’y a ni pompom-girls, ni mièvrerie. Et comme on est en Angleterre, c’est pas non plus la guerre des gangs américaine. C’est juste des jeunes de banlieue plutôt normaux. Ca se ressent dans le traitement des personnages. Il n’y a ni le misérabilisme habituel, ni le regard pseudo-social teinté de curiosité type « wahou… c’est têllllement exotique ces jeunes qui prennent de la drogue et ont perdu toutes valeurs morales ». Les personnages fument, boivent, baisent, s’insultent, font des concours de vannes, loosent. C’est comme ça et point barre. En gros, ils sont trash et c’est précisément pour ça qu’ils sont normaux. (C’est ce que ne comprennent pas les censeurs qui s’indignent des paroles des chansons des groupes de rap.) (En fait, les Misfists, c’est un peu Orelsan dans une série télé.)

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Community se permettait absolument tous les délires possibles. Misfits ne part pas dans le même genre de n’importe quoi mais par rapport à ce qui habituellement acceptable ils vont très très loin. (Allez absolument voir le deuxième épisode de la première saison, vous comprendrez.)

Misfits, c’est donc l’arrivée des vrais jeunes à la télé. Et là, je ne peux pas résister à l’envie de vous mettre la tirade de Nathan (fucking bon acteur, si seulement j’avais dix ans de moins…) dans le dernier épisode de la première saison :

Misfits Nathan

« On est jeunes, on est sensé passer notre temps à se conduire mal, on est censés boire et baiser comme des malades. On est là pour… pour faire la fête. C’est ça être jeune. Y’en a quelques uns qui vont faire une overdose, ou qui vont péter les plombs mais Charles Darwin a dit on ne fait pas une omelette sans casser quelques œufs. Et c’est de ça dont il s’agit au bout du compte. Casser des œufs. Et casser des œufs ça veut dire se déchirer la tronche avec un cocktail d’œufs durs. Si vous pouviez seulement vous voir en ce moment. Ca me fend le cœur. VOUS PORTEZ DES CARDIGANS. On était les rois du monde. On a foutu notre merde plus fort et plus loin que toutes les générations qui nous ont précédés. Nous étions beaux. Tellement beaux… On est des paumés. Je suis un paumé. Et j’ai l’intention de rester un paumé jusqu’à 29 ou 30 ans, peut-être même un peu au-delà si j’ai envie. Et je préfère baiser ma propre mère plutôt que de laisser qui que ce soit me priver de ma liberté. »

Nota Bene : La première saison est donc vraiment étonnante. J’ai plus de réserves sur la deuxième saison. Les intrigues secondaires de certains épisodes sont assez faibles. Ils essayent de donner plus d’ampleur à la série, et effectivement il le faut. J’attends de voir la 3ème.

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