13 juillet 2010
Harvey Pekar avec Sparklehorse
C’est pas du tout du tout ce que je voulais poster aujourd’hui. Mais tant pis.
L’autre jour, je pensais à Kurt Cobain. En fait, je regardais le doc sur Courtney Love parce qu’Elixie avait dit de regarder le doc sur Courtney Love et que je fais ce qu’elle dit parce que c’est quelqu’un de goût au blog exquis.
Je pensais donc à Kurt. Je pensais que je comprenais que quand on a très mal au ventre depuis des années (Kurt était fragile du bidon) et qu’on est atrocement malheureux depuis des années (Kurt était fragile de la tête), et qu’on a plein de choses très bien pour être heureux mais qu’on continue à se sentir mal-à-mourir et bien justement on se rend compte que rien ne suffira à arranger notre mal-être et un jour, on décide que ce n’est pas supportable d’être aussi malheureux alors on meurt. On quitte. On démissionne.
Je pensais donc à tout ça et puis hier soir, j’apprends la mort de Harvey Pekar. Je ne sais pas si Harvey Pekar s’est suicidé (on attend l’autopsie, il avait un cancer de la prostate) mais une chose est sûre : Harvey Pekar était un dépressif chronique.
Et justement, les journées comme hier où le travail devient horrible, je repense souvent à Pekar, à sa description de ces journées affreuses et banales, et sa phrase « la vie ordinaire, c’est un truc assez complexe ».
Pekar était scénariste de bande-dessinées. Il ne parlait ni de super-héros, ni de personnages lambda. Il parlait de lui. Un mec gros râleur perpétuellement déprimé, mécontent, brutal et drôle. Son grand oeuvre c’est American Splendor. Certaines des planches d’American montrent seulement Pekar se levant le matin pour aller au travail en se demandant à quoi ça rime. Dans l’article de Télérama, j’ai retrouvé cette citation de Pekar sur le sujet récurrent de ses BD : « ces faits de la vie de tous les jours qui ont plus d’incidence sur une personne que n’importe quel évènement traumatique ou spectaculaire. Il s’agit de ces 99 % de l’existence sur lesquels personne n’écrit jamais. »
Je me permets de mettre des photos de ces dessins sans autorisation (mais Serge, son éditeur pour la France ne m’en voudra pas) :
Pekar n’a pas marqué une période de ma vie. Rien n’y est attaché. J’ai seulement eu ce sentiment de reconnaissance, d’intimité avec un inconnu qu’arrivent à créer certains artistes quand ils touchent juste. Du coup, quand on apprend leur mort, c’est comme d’apprendre celle d’un ami qu’on a jamais rencontré mais qu’on connait quand même. La dernière fois que ça m’a fait ça, c’était en mars dernier quand Mark Linkous, le chanteur de Sparklhorse, s’est tiré une balle dans le coeur.
Mais plutôt que de s’apitoyer, c’est l’occasion pour ceux qui aiment la BD indé de découvrir un de ses plus grands auteurs.
Pour ceux qui n’aiment pas la BD indé, c’est l’occasion de voir un film coolos.
American Splendor avait été adapté au cinéma il y a quelques années. De façon brillante. Comme la BD représentait toujours Pekar mais dessiné par des auteurs différents (notamment Crumb), le film mêlait dessins, scènes de fiction, interview de Pekar, émissions dans lesquelles il apparaissait (il avait fait scandale chez Letterman).
12 juillet 2010
Mais bon dieu, pourquoi le travail ?
Je suis de semi-bonne humeur. D’une bonne humeur mitigée qui ne demande qu’à basculer vers l’outre-noir. Entre autre parce que je ne comprends pas comment je gère mon temps. (Et aussi parce que j’ai une interlocutrice pour un truc de taff qui écrit « 12 juilet » et « loook » et que ça suffit à me mettre de mauvaise humeur.)
Le problème c’est que je ne parviens pas à dépasser le traumatisme d’être privée de grandes vacances. Vue l’énergie que j’ai dépensée à rester accrochée à l’Education Nationale comme un morpion à un poil de prêtre, j’ai pu atteindre un âge avancé sans vivre cette infamie : continuer à travailler en été pareillement que le reste de l’année. Normalement, à partir de début juillet, c’était la quille. Souvent, je travaillais quand même mais des jobs d’été, ces jobs auxquels la tradition veut qu’on arrive avec la gueule de bois pour oublier que LE TRAVAIL C’EST LA MORT.
Je sais, mon cas présent n’est pas exceptionnel, c’est celui de la majorité des gens. Et bien laissez-moi vous dire que ça n’adoucit pas du tout ma peine. Chez moi, c’est une question d’ordre biologique. Mon organisme est formé à un rythme dit « scolaire ». Mais c’est même pire que ça. Je me rends compte que durant l’année toute ma vie est tendue vers un but ultime : arriver à cette période de deux mois où je me lève à midi, je traîne, je bouquine, je sors me biturer grave dans la soirée et en rentrant je peux me permettre de regarder la télé très très tard dans la nuit alors que de toute façon il fait trop chaud pour dormir. Là, on est lundi, et comme me l’a fait remarquer un interlocuteur amicalo-professionnel au téléphone « je ne pensais pas que tu répondrais au téléphone un lundi à 10h du mat ».
Bah moi non plus.
Et j’en suis pas fière.
L’interlocutrice vient de m’appeler suite à notre différend sur la syntaxe française et m’a demandé « vous avez une adresse mail ? ». Oui. J’ai aussi deux bras et deux jambes figurez-vous. J’ai failli lui dire que c’était titioulecoq@caramail mais j’ai senti que la portée de ma blague la dépasserait. Mais j’adore, j’ai l’impression d’avoir dix ans de moins.
Et la seule perspective que j’ai devant les yeux c’est de voir s’approcher à grands pas et enjambées rapides le mois de septembre absolument identique à tous les autres mois précédents. Rhâââ… Mais bon dieu, pourquoi je suis contre les anti-dépresseurs ? Pourquoi ai-je une telle droiture morale et intégrité intellectuelle ?
A l’heure actuelle, je sais que c’est les vacances d’été parce que :
1°) les grilles de France Inter ont changé
2°) Secret Story a commencé
3°) meilleur ami qui-est-prof est en vacances.
N.B. : j’adore beaucoup moins l’interlocutrice qui vient de prévenir la hiérarchie que je voulais pas suivre ses indications avec ses fautes d’orthographe. Je passe une excellente journée. Je frôle l’ulcère. Mon humeur a dépassé le stade de l’outre-noir.
J’ai besoin de vidéos pour compenser/décompresser.
Si seulement tout dans la vie pouvait être aussi simple que ça :
La meuf tellement affreuse qu’elle arrive même à culpabiliser son chat. Et qui, accessoirement, doit être la cousine de la si sympathique demoiselle qui écrit loook pour ensuite se plaindre de moi.
Heureusement, il reste un soleil qui brille dans nos vies monotones. Et ce soleil se nomme Lindsay. Voir Lindsay Lohan pleurer c’est beau comme regarder un double arc-en-ciel au-dessus d’une forêt de peupliers. (Je crois qu’il faut vraiment que cette journée finisse.)
Et j’ai un nouveau fond d’écran (avant, j’avais un fort jolie paire de fesses masculines) :
Conclusions :
1°) Je devrais envisager sérieusement de me remettre au live-blogging de travail pour supporter ces journées.
2°) Un week-end de deux jours est totalement insuffisant pour supporter ce lundi.
3°) Maintenant que le mondial est fini, je dois trouver autre chose pour me ménager des pauses bonheur.
4°) Mais bordel de chiottes à loutre : comment un mec a pu se faire élire avec un slogan qui parlait de travailler plus ?
5 juillet 2010
Les fails techniques et le silex
Les malédictions sont cycliques, ça, tout le monde le sait, mais je découvre qu’elles sont également thématisées. Là, par exemple, je suis en pleine malédiction technologique.
Ca a commencé avec le boitier TV de la freebox qui tombe en rade. Pas en rade genre il affiche « réseau » et il suffit de hardrebooter. Non. Juste il s’allume plus. Il est dead. Et comme il faudrait : appeler la hotline pour m’entendre dire qu’il faut que je leur renvoie et donc que je passe à la poste pour faire un colis, ça m’a découragée. (Du coup, j’ai fini Cougar Town, United States of Tara, la 3ème saison de Véronica Mars et je découvre les Tudors. D’ailleurs, je ne suis pas tout à fait d’accord avec certaines répliques du personnage de Thomas More mais j’écrirai directement à Showtime pour régler ça.)
Mais la vraie malédiction s’appelle Apple. (Non, pas l’iPhone 4, j’en ai rien à foutre, moi j’ai un bon vieil iPhone 3G des grands-mères.) Apple, vous savez la firme qui a inventé l’informatique sans bug et l’ordinateur blanc ? L’autre jour, pleine d’innocence, je branche mon iPhone à l’ordi. Itunes me dit qu’il a une super mise à jour pour moi. Great. Je fais la mise à jour de l’OS4. Tout se passe bien. Je rallume mon iPhone, je fais mon code pin et là… Rien. Leur putain d’OS de merde ne veut pas reconnaitre ma vieille carte sim.
Steve Jobs vient donc d’inventer la mise à jour qui rend ton téléphone inutilisable. Apple, toujours un temps d’avance. Même Microsoft, je répète MEME MICROSOFT, n’y avait pas pensé. Microsoft est pourtant à la pointe de ce genre de conneries, ils avaient mis au point les nouveaux logiciels carrément moins bien que les anciennes versions. Ce qui, déjà, constituait un pari philosophique puisqu’il s’agissait évidemment d’inverser les paradigmes habituels de la pensée technologique : « c’est nouveau, c’est mieux ». Microsoft donc, avait inventé « c’est nouveau, c’est moins bien ». Apple arrive avec « c’est nouveau, ça marche plus ».
Mais Google, vous faites quoi ? Vous allez être hyper ringards avec vos mises à jour performantes. (En même temps, je parle là d’une entreprise qui vient de décider de se lancer dans la création d’un réseau social parce que ça a l’air de marcher pas mal pour un réseau étudiant qui s’appelle Facebook.)
Donc, je n’ai plus de téléphone. En même temps, j’ai horreur du téléphone donc ça n’est pas très gênant. En fait, il faut rectifier : je n’ai plus de smartphone. Si je sors de chez moi, je n’ai plus accès à mes mails : préhistoire me voilà. Trouve-moi un silex que j’allume ma clope. Mais que vois-je au loin ? Ne serait-ce pas un ptéranodon qui vole devant ma fenêtre ? (l’auteur s’accorde le droit de refaire les mêmes blagues à un an et demi d’intervalle.)
Mais en un sens, la disparition du smartphone est un prétexte rêvé pour reste renfermé chez soi. Sauf que quel est l’intérêt de rester enfermé à la maison quand on n’a plus la télé ?
Comme si ça ne suffisait pas, Ouin-Ouin fait un come-back dans ma vie. Il est venu demander une aiguille. (Après la seringue, j’y vois comme une forme de logique.)
Dernier fail technique. Vous vous souvenez de il était une fois sur le web, le blog de ma copine. Bin figurez-vous qu’il existe à Paris un être humain qui a trouvé que nos textes à Francesca et moi étaient assez drôles pour être adaptés sur scène. C’est donc fait, c’est au théâtre de la manufacture des abbesses. Je vous préviens tout de suite aimables lecteurs : ce n’est pas du tout à l’adresse des geeks. C’est un spectacle très girly – pas du tout 4chan. (D’ailleurs, mes posts qui ont été repris sont les premiers du blog, à l’époque où j’avais encore quelques préoccupations type rapports hommes/femmes. Donc avant les posts pour me plaindre de l’iOS4.) Bref, c’est plutôt pour les meufs. Mais c’est beaucoup mieux qu’Arrête de pleurer Pénélope. Que j’ai pas vu mais ça ne m’empêche pas d’avoir un avis sur la question.
Ceci aurait dû constituer un moment de félicité pour moi. Et un excellent moyen de rassurer ma mère quant à mon avenir. (Mon père, lui, croit que je suis prof de français. Ne me demandez pas pourquoi, je n’ai aucune idée d’où il a sorti ça.) Sauf que l’affiche est arrivée dans le métro. Et sur l’affiche, nous pouvons noter pas une MAIS deux fautes d’orthographe :
Vous n’imaginez pas l’effort que c’est pour moi de poster cette affiche. Qu’il y ait une faute à Bridget Jones, passe encore. Mais à mon nom… En tout cas, c’est grand dommage parce que le spectacle est vraiment coolos, que Camille, la metteuse en scène, a fait un super boulot et que les trois actrices sont bonnes et bonnes. (Barbara Gourde)
Pour finir, je me dois de vous faire profiter d’une citation d’Antonin Artaud qui m’a fascinée. (Auteur schizophrène qui a inventé la pièce de théâtre où les gens font que hurler en se trainant par terre.) Artaud donc a écrit : « Quand mes dents ne sont pas menacées, tous les chats du monde ne sont pas dangereux. » (In les lettres de Rodez) Personnellement, je trouve ça beau comme un Ouin-Ouin sans béret.
Last but not least, la vidéo d’un chat en burqa qui se fait violer (je m’entraîne à faire des intitulés type LePost) :
Et mon détournement préféré de Twilight sucks
18 juin 2010
Collègue, mensonge et gruyère
J’ai commencé à écrire un post faussement intelligent mais là, je n’ai pas le temps de le finir alors, encore une fois, du vrac.
(Et je veux répondre encore sur Lost mais ça sera plus tard.)
D’abord donc Toi, mademoiselle à moitié nue qui passe dans mon bureau depuis trois heures, j’aimerais bien que tu m’expliques où t’as mis ta graisse qui sert à faire des bébés ?
Ensuite, pourquoi Alexandre et moi on a décidé de travailler dans un cendrier géant ? Alexandre c’est mon « COLLEGUE ». (Je raconterai tout ça en détail incessamment sous peu.) Je suis tellement heureuse de voir un être humain qui travaille à côté de moi, d’autant qu’Alex est le meilleur collègue possible, que je le poursuis en criant « COLLEGUE ». Il doit penser que je ne connais toujours pas son prénom.
Alexandre, il met un soin particulier à choisir ses chaussettes.
Comme vous le savez, je suis légèrement obsédée par le mondial de le football. Mais pas du tout dégoûtée par hier. Depuis que les gens du journalisme bien informé m’ont appris que Domenech faisait vraiment le thème astral des joueurs pour sa sélection et refusait certains joueurs parce qu’il n’aime pas leur signe astrologique, je ne me faisais pas trop d’illusion. (Girls and Geeks, un blog où y’a aussi du scoop sportif.)
De toutes façons, mon équipe du coeur c’est l’Angleterre. Mon match de la semaine c’est ce soir.
Mais j’ai bien ri de cette jolie vidéo :
En même temps, la version authentique était déjà bien golri. (Girls and Geeks un blog qui travaille aussi à la résurgence d’expressions populaires tombées en désuétude.)
Sans mensonge, il n’y aurait pas de vie. Certes. C’est pas un sujet de philo mais une évidence. Mais il y a un mensonge auquel je n’avais jamais pensé et pourtant, c’est le mensonge systématique que nous faisons tous :
(Girls and Geeks, un blog qui sait vous mettre face à vos faiblesses.)
Une sélection shopping pour le week-end. On commence avec ceci :
Ca se vend pour de vrai, c’est une cravate gonflable pour s’endormir sur le bureau sans se faire de marque sur la joue.
Je fréquente un peu la presse féminine et j’en suis fort aise puisqu’ainsi, j’ai appris que le bon goût interdit la french manucure. Mais ça ? Est-ce que c’est encore de la french manucure ? Ne serait-ce pas plutôt… oserais-je le dire… de l’Art ? (via)
(Girls and Geeks, un blog qui interroge la notion de frontière esthétique.)
Et enfin : le cache camel toe. Personnellement, je ne savais même pas que le camel toe existait avant que les sites américains nous submergent de photos de camel toe de stars. Ce qui signifie que je n’ai pas prêté attention à ce détail pendant des années. Mais depuis que j’en ai connaissance, je ne peux pas m’empêcher d’y faire gaffe – ce qui est plutôt relou et s’ajoute à la longue listes des trucs chiants auxquels penser avant de s’habiller. Et comme je suis certaine qu’il y a au moins une lectrice qui ignore ce que c’est, je vais me faire un plaisir de lui pourrir le reste de sa vie. Le camel toe, c’est donc quand les grandes lèvres sont moulées par des fringues (simplement parce que ça ressemble à un pied de chameau). Voilà. Maintenant, imagine-toi le nombre de fois où tu es sortie dans la rue avec le camel toe bien en évidence. HONTE.
Mais heureusement, chez Maïa, j’ai trouvé la solution :
Girls and Geeks, un blog qui t’aide à te trouver de nouveaux complexes.
Comment passer à côté de LA vidéo de chat :
Suite à mon séjour, en septembre dernier, au pays qui a inventé le sandwich à la vache qui rit, certains n’avaient pas du tout apprécié mes remarques sur la culture indienne. Je remets le lien. Et notamment, le fait que ça ne m’étonnait pas du tout que Hitler se soit inspiré de l’Inde pour son système politique vu les nombreuses ressemblances entre les deux (cf les castes/les races). Et bien, figurez-vous que voilà un article qui raconte que les jeunes Indiens kiffent grave Hitler. A Bollywood, ils sont même en train de faire un film sur sa love-story so hot and romantic avec Eva. (Je veux absolument voir ce film.) Mein Kampf se vend plutôt bien en ce moment. Ils font aussi des t-shirts à son effigie. Et donc un jeune Indien dit que quand même en ce moment l’Inde aurait bien besoin de la discipline d’un Adolf. Mais surtout, une étudiante a cette phrase sublime quand on l’interroge sur la Shoah : « Tuer des juifs, ce n’était pas bien mais tout le monde a une face positive et une face négative ». Gosh…
C’est sublime parce que ça nous ramène à la tendance de l’Occident à penser que son histoire c’est l’histoire mondiale. Et là, on se rend compte que pour un Indien de 2010, la Shoah, ça reste un détail et que pour eux, Hitler était avant tout un leader politique. (Me criez pas dessus hein, j’ai pas dit qu’ils avaient raison.) L’article sur Gawker.
Et pour finir, quand je vois la signature d’Obama, je me demande comment est celle de Sarkozy…
Via l’excellent accidental pen (je me censure parce qu’après, on = le pouvoir en place, interdit d’accès mon blog).
16 juin 2010
Fin de séries
Au cours de l’année, je déguste moultes séries télévisuelles sans jamais les évoquer ici. Il y en a d’autres qui font ça très bien, et puis, les séries, ça demande une vraie réflexion.
Mais là, je fais une exception.
Parce que j’ai enfin vu le final de Lost.
*je sais, tout le monde en a parlé avant moi mais j’ai été formée à Slate où l’on m’a appris qu’il fallait traiter un sujet six mois avant ou six mois après l’évènement*
Ca fait quand même six ans que je me gave avec cette série. Malgré une deuxième saison catastrophique qui m’a presque donné envie de revoir Une nounou d’enfer (worts serie ever), j’ai persévéré. Et j’ai eu raison. Mon âme d’apprentie scénariste ne se remettra jamais de ce sublime « we have to go back, Kate« . Meilleur twist jamais vu. Comment vous retourner le cerveau et une saison entière avec juste une seule phrase, cinq mots.
Bref. Les fins de série, c’est forcément décevant parce que le fait même qu’une série s’achève, quand on est vraiment fan, est hautement déceptif en soi. C’est là où apparait clairement la différence ontologique entre un film et une série. Un film tend vers sa fin (enfin… s’il est bien construit). Une série tend vers son développement. (Exception faite du format type 24h.) Donc quand vous avez développé une série, fait évoluer vos personnages, enrichi vos intrigues, la résolution est impossible. La résolution, c’est le but d’un film. Une série ne saurait connaître de résolution à cause de sa temporalité. Les personnages se trainent leurs problèmes (parce que finalement, la dramaturgie, c’est ça) pendant des années. Donc résoudre leurs conflits en une saison ou un épisode final c’est impossible. En ce sens, les séries ressemblent beaucoup plus à la vraie vie que les films.
En outre, les années passées à suivre une série entraîne un autre problème : l’attachement affectif aux personnages. Quand les créateurs décident de nous en priver, il s’agit d’un deuil pour nous spectateurs. La fin d’une série, métaphoriquement, est toujours perçue comme une mort. Fin d’un monde, d’un univers (même s’il est fictionnel), d’une période de nos vies.
C’est pour ça que pour clôre une série, il y a, grossièrement, deux options :
1°) jouer clairement sur le registre morbide en sacrifiant des personnages (ce qui permet également de résoudre simplement les conflits intérieurs des personnages. T’as plus de problème vu que t’es mort.) Ca permet d’aider les spectateurs à faire leur deuil en les faisant chialer sur la mort d’un perso (alors qu’évidemment, ce qu’ils pleurent vraiment c’est la fin de leur série) et en leur faisant comprendre que c’est vraiment fini, non, il n’y aura pas de saison supplémentaire. (Parce que non, de nos jours, on n’ose plus ressusciter les personnages morts.)
2°) jouer sur la méta-série (option de Dawson par exemple) à l’aide de mises en abyme. (On peut se demander d’ailleurs quel sera le choix de Californication. Soit faire mourir Hank Moody, soit le faire publier un livre qui sera la série.)
On aura compris, pour moi, réussir une fin de série, c’est impossible mais ce n’est pas grave. Autant un film peut être gâché par sa fin parce qu’il est perçu comme une totalité, autant dans une série, on sait que la fin c’est quelque chose d’artificiel qui n’en fait pas vraiment partie. Au mieux, on limite les dégâts. (Sauf quand on est le scénariste d’Urgence et qu’on décide d’achever le massacre de ce qui fut, il y a fort longtemps, la série du renouveau des séries.) Limiter les dégâts, c’est ce qu’a fait brillamment Six Feet Under.
Alors qu’ont fait les génies de Lost ? Ont-ils inventé une solution alternative ?
Pas trop.
Mais je vais pas m’avancer.
Parce que je vais vous avouer un truc horrible :
j’ai pas compris la fin.
Voilà. Je l’ai dit. J’ai essayé d’en parler avec des gens. « Et sinon, t’en as pensé quoi de la fin de Lost ? » Et ils me répondaient assez sûrs d’eux : « Mouais… bof quoi. » Je commençais alors à m’agiter sur mon siège à la recherche de la formulation qui forcerait la personne à m’expliquer sans en avoir l’air. « Non mais je veux dire au point de vue métaphorique, t’interprètes ça comment ? »
Je n’ai pas eu de réponse satisfaisante alors, bien sûr, j’ai fait comme les hypocondriaques qui ont des ganglions : je suis allée me renseigner sur l’internet. J’ai lu tout plein de blogs qui en parlaient. Ils en parlent très bien, ils sont généralement outrés, ils expliquent d’ailleurs la fin sauf que… même avec ça, je comprends pas. Et, preuve que ce n’est peut-être pas moi le problème, ils n’ont pas tous compris la même chose. (Attention, on rentre en zone de spoiler.) En gros, deux interprétations sur cette dernière saison :
1°) Le réalité alternative était effectivement alternative mais un jour, ils se retrouveront tous dans une église et ils seront morts. On voit ce jour-là – c’est le final. Peu importe que l’avion se soit écrasé ou pas, ils sont liés entre eux et se retrouveront avec les souvenirs de leurs deux vies alternatives.
2°) En fait, la réalité alternative n’existe pas. Tout ça c’est que des trucs dans leurs têtes qu’ils ont inventé. Pendant la réalité alternative, ils étaient déjà morts. Quand ils prennent conscience de tout ça, ils se retrouvent dans l’église. (Interprétation: « toute cette dimension n’est qu’une illusion, un refuge du subconscient qui tente de corriger une vie qui n’est déjà plus (Jack s’invente un fils, Sawyer se fait homme de loi), et la difficulté des personnages à le réaliser, trompés par un mécanisme inconscient, révèle à quel point c’est dur d’assumer ses choix et l’impact décisif qu’ils ont pu avoir sur cette réalité que l’on façonne chaque seconde. »)
Je suis convaincue par aucun des deux. Mais j’en ai pas de 3ème non plus.
Surtout, je comprends pas (attention, esprit pragmatique et me répondez pas « on s’en fout c’est juste une série »). Jack est mort avant (par exemple) Sawyer. (Comme quoi, y’a une forme de justice.) Pourtant, Jack arrive dans l’église où ils sont tous morts après Sawyer. MAIS POURQUOI ? Genre Jack il est resté dans un état ni-mort, ni-vivant pendant que Sawyer continuait sa vie ? WTF ? Et je n’accepte pas de « la mort abolit le temps ». Même dans Ghost Whisperer (2ème worst série ever) ils osent pas faire ça. Si je meurs et que je me retrouve dans une église avec Jules César genre pour lui aussi, il viendra juste de mourir ? C’est pas trop trop logique.
Mon cerveau bute là-dessus depuis deux semaines maintenant. Ca devient invivable. Je ne peux plus supporter ça. Il me faut une réponse satisfaisante. Ne pas vraiment savoir ce qu’est l’île, je m’en branle la moule mouillue mouillue, ne pas savoir pourquoi l’enfant noir était spécial idem et quel pouvoir il avait exactement etc…
Je veux juste fucking comprendre ce que c’est que cette putain d’église. « Un endroit que vous avez fait pour vous retrouver ». Ca c’est ce que dit le père de Jack – sauf que ce mec est quand même un vieil alcoolique libidineux de merde.
En fait, ils n’auraient pas dû faire la scène/cène de l’église.
Parce que dans ce cas-là, on avait une saison 6 avec d’un côté les épisodes où l’avion ne se crashe pas, et ceux avec le crash. Même sans le crash, les persos se croisaient et brusquement se souvenaient de ce qu’ils auraient vécu dans une autre dimension (aka l’île). C’tait cool. Niveau pathos, ça marchait vu que les scènes où on chiale c’est quand même celles où les persos dans la réalité alternative se reconnaissent et pas du tout la scène/cène de l’église.
Et surtout, ça faisait sens. Ca permettait de rendre un bel hommage au genre. Pourquoi les persos dans la réalité alternative se reconnaissaient ? Parce qu’une série télé, c’est ça. C’est des histoires qu’on porte en soi, qui font partie de nous. Pour le spectateur, la série est une réalité alternative à l’autre. Le fait que dans la réalité alternative de la saison 6, les personnages soit normaux, comme tout le monde (sauf Desmond) permettait d’installer ce sens, de faire des personnages des doubles des spectateurs.
Parce que tout au fond de moi, je suis persuadée que je peux faire une trachéotomie avec un stylo bic. J’ai jeté je ne sais combien de fois mon chapeau carré à ma remise de diplôme du lycée, je sais réagir en cas d’attaque terroriste, désamorcer la bombe puis faire parler le terroriste, faire du trafic de drogue, tuer des vampires avec un pieu et/ou faire l’amour avec eux, prendre le pouvoir au sénat de Rome, plaider n’importe quel procès et enfin, surtout, je peux survivre sans problème sur une île déserte après un crash d’avion.
Moi, je voulais pas de la scène de l’église, y’en a un qui voulait même pas de la réalité alternative, du coup, il est en train de remonter tous les épisodes de la saison 6 sans ces scènes. (Premier épisode ICI) (Sinon, plus d’explications sur Ecrans).
Mais le meilleur article sur ce final EST LA – qui notamment m’a rassurée sur le fait que j’avais pas trop bien saisi la tension dramatique liée au fait d’enlever ou de remettre le bouchon de la baignoire magique. (Ca m’a aussi permis de savoir à quoi me faisait penser la grotte avec la lumière de la vie, c’est bien sûr la grotte aux fées de Zelda.)
Lost, c’est fini et c’est triste. Et je remercie le dieu de la télé d’avoir compensé ce deuil avec la diffusion des matchs du mondial.
EDIT : j’avais oublié! Pour une analyse à forte teneur culturelle c’est ICI.
Et pour finir, une vieille parodie que j’avais déjà postée il y a fort longtemps :