6 novembre 2009

"Infans", celui qui ne parle pas et pourtant…

J’ai une grande révélation à vous faire. En réalité on s’en fiche un peu mais Julie F. tient absolument à ce que je partage cette théorie avec le monde. Le Monde. Donc toi, monsieur de l’internet qui représente Le Monde, je vais t’apprendre un truc terrifiant :

les enfants sont de droite.

Ce qui tendrait à prouver que les notions de partage et de solidarité sont complètement artificielles et demandent un réel effort que l’humain produit sur lui-même.

Prenez mon neveu. Bien qu’élevé dans une famille de gauche, voire très à gauche, il pense spontanément comme Nicolas Sarkozy. Ce qui, ceci étant, n’est pas rassurant quant aux capacités cognitives du président. Il se trouve que ma sœur bien-aimée chérie et merveilleusement belle (coucou ma sœur), a toujours tenu à donner la parole aux enfants. Quand j’étais petite, à table, elle me demandait mon avis sur les sujets de société ou politique comme à une adulte. Ce qui était tout à fait louable et eusse pu être intéressant si j’avais été en avance sur mon âge mais il se trouve que non. J’étais pas du tout en avance.[ Enfant idiot, rassure-toi, tout n’est donc pas perdu, au pire tu pourras ouvrir un blog un jour.] A dix ans, je pensais comme une enfant de 10 ans, c’est-à-dire bêtement parce que mon cerveau n’était pas fini et que je ne saisissais pas les enjeux théoriques des débats. Par exemple, j’étais pour le port du foulard à l’école parce que « tout le monde a le droit de choisir ». Grosse niaise + argument foireux.

Bon, et bien mon neveu, il est un peu comme moi au même âge. En plus réactionnaire. Par exemple, il est pour la peine de mort. Et ça ne le gêne pas de dire ça devant sa grand-mère qui a voté Mitterrand en 1981.

Pire, il est pour l’incarcération des mineurs. En fait, il est pour que des enfants de son âge (à l’époque 12 ans) aillent en taule. C’est normal.

Il est aussi pour la suppression des allocations familiales pour les parents défaillants.

Parler politique avec lui, c’est un délice.

Mais en cela, mon neveu n’est pas extraordinaire. (Heureusement, il a d’autres qualités qui le rendent totalement merveilleux à mes yeux. Si tu me lis un jour, mon neveu, sache que oui, tu es bourré de qualités et que même sûrement, plus tard, on regrettera tes discours sarkozystes parce que ça animait bien les repas de famille.) En l’occurrence, il est comme tous les enfants. Jamais, au grand jamais, un enfant ne prête spontanément sa pelle à un autre enfant. Ne rêvez pas. Son instinct le poussera plutôt à garder sa pelle et à fortement s’intéresser à celle du voisin si elle est plus belle (et à lui prendre s’il est plus petit). S’il prête sa pelle c’est soit parce que ses parents lui disent « prête-lui » soit parce que cette petite saloperie calculatrice feint de le faire naturellement (toujours sous les cris émerveillés des parents devant tant d’altruisme) mais en réalité il n’agit ainsi que pour tirer profit de l’admiration des adultes. Il ne prête pas parce que prêter lui parait naturel (et je vous parle même pas de donner). Il prête parce qu’il espère en retirer un bénéfice quelconque, ce gros pervers polymorphe. (Non, j’ai pas peur des recherches Google, je les regarde plus. Et puis, même les pédophiles ont le droit de profiter de ces quelques réflexions. Pédophile, cultive-toi donc un peu avant de repartir chercher du porno.)

En outre, les gamins ont un rapport pervers au fric. Moi, petite, j’aimais l’argent pour l’argent. J’aimais pas le dépenser. Je gardais jalousement les pièces de mon argent de poche, je thésaurisais un max. (C’était avant de découvrir que l’argent pouvait se transformer en vêtements.) Et parfois j’ouvrais ma tirelire et je contemplais amoureusement mes sous. Mes sous à moi. Si Picsou est tellement apprécié par les mômes, c’est simplement parce qu’ils se reconnaissent lui. Personne ne se reconnait dans cet abruti de Donald avec ses valeurs de gros con toujours fauché.


N.B : Mais attention, on ne se méprend pas. Je ne suis pas en train de dire « Va te pendre Rousseau et tes idées à la con sur l’état de nature ». Pour Rousseau, l’état de nature prend fin avec l’apparition de la propriété privée. Précisément, l’enfant ce n’est pas du tout de l’homme à l’état de nature.

P.S. : je sais, c’est pas vraiment un post de vendredi.

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2 novembre 2009

Bah rien quoi…

Un petit peu d’amour en ce lundi tristesse et froidure :

Oui ça n’a rien aucun intérêt à part être mignon et c’est déjà pas mal.
Sinon, j’avais ça comme photo, le déguisement de Brad Pitt à Halloween mais ça n’a pas non plus un intérêt fou…

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31 octobre 2009

Mes amis

Mes amis ont toujours eu un point commun : appartenir à cette catégorie de personnes pour qui les choses ne vont pas d’elles-mêmes. Les choses étant en premier lieu la vie. Pour certains, la vie, ça va de soi. Pas la vie au sens des emmerdes. Tout le monde rencontre des emmerdes plus ou moins douloureuses ou graves. Tout le monde a des difficultés. Mais certains, en-dehors des périodes d’emmerdes, et bien, ils vont bien. Enfin… Ils voient pas pourquoi ça irait pas. Si ça va, c’est que ça va. Et puis ça va ou ça va pas. Pour d’autres, pour mes amis, c’est différent. Etre en vie n’est pas une chose naturelle, simple qui se vivrait avec une facilité innée. Cette facilité-là, ils ne l’ont pas eue à la naissance. On les a floués à un moment très lointain, tellement lointain qu’ils ne s’en souviendront jamais. Face à ça, ils ont des réactions différentes. Certains aspirent à l’acquérir même si ça leur demandera des années de travail sur soi. D’autres espèrent ne jamais l’avoir, toujours vivre l’existence comme un mystère difficile, et même douloureux, parce que ça leur semble plus beau, ou plus juste, ou plus eux-mêmes, ou plus inspirant. Avec ma meilleure amie, on voulait juste trouver notre équilibre dans ce déséquilibre total. Trouver une voie médiane qui nous permettrait de vivre sans être totalement les victimes de ces grands huits existentiels. S’accorder un peu, de temps à autre, avec le monde. Et parfois être encore suffoquées par son intensité. Parce qu’il ne s’agit pas d’être déprimé par un faisceau de causes structurelles et conjoncturelles précises. Il fait moche, je suis seul, j’ai pas de thune, je me suis engueulé avec mes parents. C’est autre chose. C’est un sentiment d’absurdité qui peut étouffer. Mes amis, j’en ai vus s’effondrer. S’écrouler. Tomber dans des gouffres de souffrances. Vibrer comme personne. Avoir la chair de poule pour la magie d’un instant. Et être prêts à rechuter cent fois pour cet instant-là. Et tous ceux qui paraissaient ainsi si totalement inaptes à l’existence sociale qu’on exigeait d’eux, c’est également ceux qui vivaient les jours avec le plus de puissance. Certains en rêve, certains préféraient s’imaginer des vies différentes et des super-pourvoirs. D’autres restaient enfermés chez eux à écouter toute la musique existante ou regarder tous les films du monde. Et puis ceux qui y allaient quand même, qui pensaient que leur fragilité c’était leur force poétique et qu’il fallait l’éprouver face au monde, de Londres à Milan. Aucun n’avait de solution, trop bien placé pour savoir que le problème c’était précisément qu’il n’existait pas de solution, mais chacun a fait son choix. Et forgé une vie différente.
Mes amis auront toujours quelque chose de l’adolescence, quoiqu’ils en disent, quoiqu’ils fassent. Mais la plupart s’en sort bien. Pas tous. Certains sont restés coincés quelque part sur le bord du chemin, sans aucune aide possible.
Et une, celle qui m’a fait lire la Modification de Butor, vit dans la rue depuis dix ans. Et elle, l’intensité de la vie et les grandes phrases sur l’existence, elle en a plus rien à foutre. Pourtant, s’il y en a une qui supporte l’absurdité au jour le jour, c’est elle.    
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