Chez Facebook ils ont une âme de GO qui s’ignore. Depuis hier, c’est un peu la colo, ils ont décidé de nous distraire avec un nouveau jouet : le like. Dans la version française c’est plus frontal : j’aime (qui ouvre la possibilité logique à « je n’aime plus »).
Problème, parfois, ça donne lieu à des horreurs. Ainsi, je me retrouve avec ça sur ma page :
ou le franchement cauchemardesque :
Et le très joliment absurde :
Par contre, je ne comprends pas la disparition du « ça » dans :
Bref, ça met un peu d’animation sur le site, ça renforce le sentiment de communauté, on vit l’apparition du like tous ensemble, c’est l’occasion de renouveler ses blagues, c’est friendly, ludique, inutile.
Mais mais mais il va pas falloir que ça dure plus d’une semaine leur saloperie. Au bout de deux heures à voir apparaitre des pouces dressés et des « Béatrice Aulnay aime ça » ça commençait déjà à me briser les ovaires sévère. (assonance)
Parce que c’est friendly, ludique, inutile mais surtout totalement polluant. J’espère donc sincèrement que la facebook team ne compte pas sur un épuisement naturel du « like » mais a prévu une date de fin pour l’opération « amusons nos écoliers avec des colliers de pâtes ». Ou au minimum, une case dans les options d’actualités pour le supprimer de la home.
Pourquoi je ne suis pas encore richissime grâce à girls and geeks ?
Excellente question à laquelle mon coach ne m’a pas apporté suffisamment de réponses satisfaisantes. Je me suis donc penchée sur le problème et j’ai quelques pistes.
D’abord, j’ai fait une très très grossière erreur, j’ai oublié de vous infantiliser à l’aide de meugnons surnoms. Hein mes quiquignous lecteurs d’amour sucré ? Ca va vous plaire que je vous parle comme ça ? Bah j’espère. (Ca n’est supportable que chez Margaux Motin parce qu’elle a un peu beaucoup de droits, je sais. Mais ça a l’air de marcher chez les autres blogueuses.)
Ensuite, je parle certes de sexe, d’internet et de rupture amoureuse mais ça manque de pastilles ludiques. Du coup, lecteur ma petite pâquerette des bois, j’ai élaboré un superbe concept à la fois ludique et utile pour une non moins superbe série : le guide des chiottes de ma vie.
Pour cette première édition, une critique de chiottes nouvelles : les chiottes du NY Club. L’accueil est agréable. La demoiselle pipi est charmante et l’endroit plutôt intime. Un petit côté presque chez soi. (A part que les murs sont noirs mais ça, c’est le détail hype. Dans les clubs hypeux, les murs des chiottes sont toujours peints en rouge ou noir.) Lumière très discrète (ça ne se voit pas sur la photo à cause de mon flash à la Hiroshima). On appréciera également la présence de papier toilettes. Et le petit rebord au-dessus de la cuvette qui permettrait de poser son sac à main – plutôt que de le laisser baigner dans l’habituelle mare de pisse qui inonde le carrelage de toutes les chiottes à partir d’une certaine heure. « Permettrait » si le vestiaire n’était pas obligatoire… Seul bémol : à déconseiller aux personnes claustrophobes.
Pour les lecteurs courageux qui seraient allés jusqu’au bout de ce post dans lequel, notez-le bien, j’ai accompli l’incroyable exploit de ne rien dire, une espèce de summum de la vacuité vient d’être atteint, une vidéo sur les effets d’optique. (Je sais, tout ça n’a aucune cohérence, j’ai besoin de partir en vacances).
Je me plaignais de notre méconnaissance du sexe dans les années 80, de notre quête sans fin du porno. Mais au moins, on savait à peu près ce qu’on cherchait. Ou en tout cas, on savait qu’il y avait quelque chose qu’on nous cachait. Un siècle auparavant, nos homologues féminines étaient nettement moins bien loties. Non seulement on ne parlait pas de sexe aux jeunes filles mais pire, elles ne savaient même pas que ça existait. Elles pressentaient vaguement qu’il y avait quelque chose qui leur échappait mais de là à imaginer ce que c’était… Leur ignorance durait jusqu’au mariage, jusqu’à la nuit de noces et là… autant dire que le choc était violent et assez proche du traumatisme à vie. A ce tire, le roman de Maupassant Une Vie est fort instructif. Et atrocement déprimant. Jeanne est une pure jeune fille qui, la veille de son mariage, se paye LA grande explication paternelle sur ce qui va se passer :
Autant dire qu’après, nunuche est pas très avancée. A part se douter qu’il va se passer un truc affreux contre lequel elle ne devra rien dire. Arrive la nuit de noce – à laquelle elle ne comprend toujours rien mais qui ne se passe pas exactement comme l’idéal romantique qu’elle imaginait (= s’endormir avec son mari en se répétant « amour toujours »)
Et le résultat c’est une sexualité conjugale catastrophique :
Ca ressemble à peu près à la sexualité telle que ma grand-mère pouvait la raconter – donc au XXème siècle. Manque juste le détail qui tue, bien qu’il soit implicitement évoqué dans l’extrait : leur putain de saloperie de chemise de nuit trouée. Je ne sais pas si on vous a déjà parlé de ça, si vos grand-mères ont évoqué cet objet symbole de toutes les frustrations. A l’époque du triomphe d’une forme de puritanisme bourgeois (révolution industrielle etc), les femmes qui baisaient nues, c’était les prostituées. Les bonnes mères de famille, elles, ne quittaient pas leur chemise de nuit, qu’on trouait donc pour un accès facilité à leur moule sacrée. (Du coup, on comprend mieux le temps passé par les maris au bordel.) C’est cette même chemise de nuit qu’on étendait parfois au balcon de la chambre, le lendemain de la nuit de noce, pour que tout le village puisse constater la pureté de la mariée et qu’elle était bien passée à la casserole.
Evidemment, la question du plaisir féminin ne se posait pas mais même pour les hommes l’affaire ne devait pas être très festive. On poussait alors à l’extrême la dichotomie de la maman et la putain. Quand je vois comment on en bouffe encore de cette connerie, combien de fois elle vient compliquer et pourrir les relations amoureuses du XXIème siècle…
Après le détour par l’enthymème, on revient au Tigre.(Je mets le lien sur la page d’accueil du site et pas juste sur l’article en question parce qu’ils en ont un peu marre qu’on oublie qu’ils font des textes sur plein d’autres sujets.)
Dans la plupart des articles qui relayaient l’histoire, on retrouvait des expressions du type « le danger de la toile par rapport à la vie privée ». Analyse qui, en l’occurrence, semblait non seulement disproportionnée mais même carrément hors de propos. En effet, on peut se demander ce qu’il y a de vraiment inquiétant dans les infos que le journaliste a dénichées. D’après ce que j’ai lu, pas grand chose. Pas de grande révélation sur la vie de Marc L. Le seul véritable problème de ce type, c’est de s’être retrouvé médiatisé un jour, sans prévenir, sans le vouloir, d’avoir été la proie malchanceuse d’un emballement sur le sujet.
Qu’il n’y ait pas eu de scoop sur la vie de Marc L. n’est que l’expression d’une réalité commune, à savoir que les internautes contrôlent au maximum leur identité numérique. Même chez les plus exhibitionnistes, il y a l’idée sous-jacente de construire une image de soi. Et si l’article du Tigre trace un portrait au final plutôt positif de Marc, un jeune homme qui est à la fois travailleur mais sait s’amuser, ce n’est pas un hasard. Il n’allait pas mettre sur son Flickr des images de fêtes ratées (ou s’étendre sur ses ruptures amoureuses dans un blog). Au fond, la chose la plus impressionnante dans cette enquête, c’est le croisement d’informations disséminées.
Et là, on touche le vrai problème. Si le choix des informations que chacun décide de mettre en ligne est très contrôlé et que tout le monde y apporte un soin particulier, par contre au niveau du contrôle de l’accès à ces informations, c’est la débandade les amis. Minoritaires sont ceux qui ont compris les différentes options de confidentialité. Et pourtant, tout y est pour bloquer les accès. Sur Facebook, la plupart des utilisateurs laissent les paramètres par défaut. L’exemple le plus flagrant concerne les photos. Si un ami à vous est taggé sur une photo, vous avez accès à toute la série – y compris celles sur lesquelles votre pote ne figure pas. Et c’est comme ça qu’on tombe sur des photos d’un dénommé Bernard le cul à l’air, une bouteille de bière coincée dans l’anus. Cette histoire de photo est une espèce de mythe urbain. En réalité, il ne s’agit pas d’un bug, d’une défaillance du site, de la preuve qu’il n’existe pas de vie privée sur internet. C’est juste la démonstration que les utilisateurs ne vont pas fouiner dans les options et laissent les paramètres par défaut (en l’occurrence, le choix « mes photos peuvent être vues par les amis de mes amis » alors qu’il suffit d’un clic pour arriver à « seulement mes amis »).
L’erreur du Tigre est résumée dans une phrase de l’article : « Je pense à l’année 1998, il y a dix ans quand tout le monde fantasmait déjà sur la puissance d’internet. Le Marc L. de l’époque, je n’aurais sans doute rien ou presque rien trouvé sur lui. Là, Marc, j’ai trouvé tout ce que je voulais sur toi. »
C’est éminemment faux. On ne trouve pas tout ce qu’on veut sur quelqu’un. Vous pensez bien… Ca serait tellement plus simple… Pour avoir traqué pas mal de gens sur internet, j’avoue que c’est un passe-temps de voyeuriste assez agréable, je peux vous assurer qu’on trouve ce que la personne veut bien laisser transpercer et parfois quelques infos supplémentaires mais rarement de l’extra-ordinaire. Au mieux, on arrive à identifier quelqu’un. Mais ce qu’on découvre surtout c’est l’ignorance des gens. (Ainsi d’une certaine Ophélie Rondeau qui m’a requestée sur Facebook sans que je la connaisse. Je lui ai poliment demandé pourquoi et comme elle ne m’a jamais répondu, je suis allée chercher -en hommage à feu Lycos. L’ignorance d’Ophélie est simple : elle crée régulièrement des blogs qu’elle ferme au bout d’un post et visiblement elle ne connait pas l’option « en cache » dans Google. Mais ces blogs qui ne m’apprenaient pas grand chose, si ce n’est sa manière de se mettre en scène – comme je le fais moi-même ici.)
Internet n’est évidemment pas dangereux en soi, par nature, contrairement à ce qu’on essaie de nous faire avaler à longueur de reportages sur le sujet. Pour autant, des usages néfastes peuvent en être faits – je l’admets sans peine. Mais plutôt que les photos de vacances d’un mec qui ne sait pas encore mettre son Flickr en privé (parce que tout ça, c’est aussi lié à la nouveauté, au temps d’apprentissage nécessaire), je trouve nettement plus inquiétant que 4,5 millions de comptes Monsters aient été récemment piratés.