17 avril 2014
Game of promo
RHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhh
Je suis fatiguée.
Voilà, ça va mieux en l’écrivant. Bon, alors, on en est où mes petits amis ? Moi-même je suis paumée dans notre planning. D’abord, le livre. J’ai découvert que j’étais sur Google Books. Google est partout. Jamais je ne comprendrai tous les accords qu’ils ont signés pour ça. Bref.
J’encourage vivement vos saines initiatives de poser à moitié nus avec ce bouquin. (Ou en me faisant des dessins.)
Continuez! (Je travaille au corps Alexandrine pour obtenir une photo de ses nichons, on est sur la bonne voie. Keep in touch.)
Pour les Parisiens, notez que le jeudi 24 avril, à partir de 19h, je serai à la librairie les Guetteurs de vent, 108 avenue Parmentier, dans le 11ème. Viendez, on va bien rigoler. Et puis sur Paris, j’ai rien d’autre de prévu comme dédicace, donc faut en profiter. Je vais prendre mes plus jolis feutres pour dégueulasser vos exemplaires.
Ce qui me fait penser que la dame de chez Fayard veut savoir où m’envoyer “en région”. (On dit pas “en province” dans le milieu.) Donc dites-moi, quelles villes faut que je fasse. (Encore faut-il trouver des libraires hein.)
Et puis, comme ce livre est un peu le vôtre, cette fois, je m’en vais vous tenir au courant de la promo.
Alors d’abord, pour le moment, c’est compliqué d’avoir de la promo quand on sort un livre qui n’est pas vraiment un roman, qui est un objet un peu bizarre et qu’on ne s’appelle pas Nicolas Bedos. Le plus efficace reste le bouche à oreilles (vous donc).
Mais j’ai quand même été invitée à quelques trucs.
Notamment à l’émission de Jean-Pierre Elkabbach. Hein ? Attendez… L’émission de la chaine Public Sénat, tournée dans la bibliothèque Médicis ? Z’êtes sûrs que c’est moi qu’ils invitent ? C’est pas plutôt Titouan Lamazou ? Et puis Elkabbach, c’est pas le mec qui déteste Internet ?
J’y suis donc allée avec ma cape rouge et mon panier en osier en me disant “faisons bien attention fifille, ça sent le piège”.
Faut savoir que c’est le genre d’émission où t’arrives à l’heure mais le présentateur se pointe à la dernière minute et ne te voit pas avant. Donc on était déjà installé autour de la table. Précisions ce “on” puisque sans doute plus jamais dans ma vie je ne pourrai dire “on” pour désigner = Marek Halter assis sur un tabouret de bar, Marc Dugain assis sur un tabouret de bar, une universitaire super sympa, Camille Esmein-Sarrazin qui a édité les oeuvres complètes de Mme de Lafayette et qui était debout, et moi, debout aussi. Tout le monde était prêt à enregistrer quand Elkabbach me dit “au fait Titiou, vous lirez ce passage de votre livre”.
Moi : oh non… c’est la torture ça…
Lui (pas très chaleureux) : vous allez faire un effort.
Moi (toute en sourires charmeurs) : oui, bah déjà l’écrire c’était une torture…
Et là, le mec me jette un long regard et me dit hyper sérieusement : “ah oui ? Et bien vous n’imaginez pas la torture que ça a été pour moi de le lire”.
…
Mais vu la tête qu’il tirait à ce moment-là, j’avais quand même un bon aperçu du calvaire qu’il avait dû endurer.
Après, il m’a dit que je me tenais mal (comprendre avachie).
Pendant l’émission, ça allait – si on met de côté le fait que mon style est vulgaire et que je me complais dedans.
Et à la fin, il est venu me dire aurevoir et il a voulu être gentil. Alors Elkabbach gentil, ça donne une esquisse de sourire et un tranchant : “bah vous voyez, en fait, vous êtes capable de vous exprimer normalement sans dire putain ou bordel à chaque phrase.”
Ok…
Vous avez cru qu’on allait glisser comme ça sur Mme de Lafayette sans une seule citation ? Sérieusement ? Pfff… Je vous mets juste le début d’une de ces lettres datée de 1679 « J’ai eu mille embarras ou plutôt mille maux qui m’ont empêchée de vous écrire. Je vous prie de croire que je n’y manque qu’avec regret et que je suis sensiblement touchée et de votre mérite et de l’amitié que vous me témoignez. Je vous conjure de continuer à m’écrire, je comprends que vous ne pourriez pas m’écrire toutes les vérités mais ne me mandez jamais rien de faux ni de contraire à ce que vous pensez. » Vous imaginez si on écrivait aussi bien nos mails, la grosse classe qu’on aurait ? D’ailleurs, vous pouvez copier-coller le début de ce passage pour le réutiliser en amorce de mail, ça se tente.
Le même jour, quelques heures plus tard (précisons un truc : il ne se passe rien dans ma vie pendant des mois, et puis paf, d’un coup, j’ai des trucs à raconter) j’étais invitée sur Europe 1 à l’émission de Taddéi. Mais surtout, j’étais invitée avec Houellebecq. Grosse joie. J’ai passé une heure trente assise juste à côté de lui, à respirer le même air.
La preuve en image :
Vous voyez comme j’ai le pouvoir de le rendre heureux de vivre ?
Alors que Taddéi était en train de me faire parler de masturbation, Michel l’a coupé pour revenir au seul sujet qui l’intéressait : “on peut reparler de ce titre ? Sans télé on ressent davantage le froid, c’est très vrai. Il y a des émissions de télé qui sont comme un feu de bois. Par exemple, Thalassa. Thalassa c’est un vrai petit feu de bois.
Je n’ai pas pu m’empêcher de m’exclamer :
– Oh oui! Et des racines et des ailes aussi!
– Oui! Et toutes les émissions de Stéphane Bern!
– Ah non… Pas trop feu de bois Stéphane Bern…
Comme on avait un débat vraiment passionnant sur ce sujet, Jean-Louis Aubert a apporté sa contribution.
– C’est vrai que quand j’arrive dans une chambre d’hôtel, j’allume la télé et je me sens moins seul, comme à la maison.
Voilà.
J’étais très heureuse de cet échange mais il y a eu encore mieux, encore plus intense. J’ai révélé un secret de la vie à Michel Houellebecq. Un truc qui l’a littéralement retourné. Je pense que ça restera comme un profond choc philosophique dans son existence.
Taddéi venait de me parler du texte sur le sexe et les chaussettes (Taddéi, il aime bien parler de sexe) et c’était la pause pub. Michel se penche alors timidement vers moi : “je peux vous poser une question ?
– Heu, oui. Bien sûr.
Et là, je/vous/Dieu se demande quelle question Michel Houellebecq peut bien vouloir me poser à moi précisément ? Quelle interrogation porte-t-il en lui dont il pense que je suis la plus à même de lui fournir la réponse ?
– Les femmes portent des chaussettes ? Vous êtes sûre ?
Hum… Je l’ai regardé pour être certaine qu’il venait de me poser cette question. Il avait le regard d’un enfant incrédule. Alors j’ai soulevé mon jean pour lui montrer ma chaussette noire en expliquant : “oui, les femmes portent des chaussettes, regardez. Et puis, comment elles feraient sinon ?”
– Je sais pas… J’ai jamais entendu que les femmes portaient des chaussettes. Toutes les femmes que j’ai connues portaient des collants ou des bas…
(Je crois que dans “bas”, il mettait les chaussettes faites en matière collant.)
Et là, je lui ai donné le coup de grâce.
– Vous savez Michel, il y a même des chaussettes faites exprès pour les femmes, des chaussettes taillées plus petites que celles pour homme.
Il m’a regardée l’air hagard. Il n’en revenait vraiment pas.
Voilà. J’ai toujours pressenti que ma présence sur Terre avait une raison jusque là secrète. Qu’il y avait une chose précise que je devais accomplir en ce bas-monde. Assez longtemps, j’ai cru que c’était refermer la bouche de l’enfer de Sunnydale. En réalité, c’était dire à Michel Houellebecq que les femmes portent des chaussettes. Et j’ai parfaitement rempli cette mission.
Rien à voir mais je vais être jury à ce festival donc si vous voulez participer et gagner, on peut s’arranger…
Sinon, parlons un peu de Game of Thrones. (OUAIS JE SUIS HYPER CONSENSUELLE. J’assume.)
Donc, j’ai fait un score assez lamentable à http://gameofboobs.com/ (via @Nora)
Mais surtout, pour ceux qui l’ont ratée, il faut que vous regardiez tout de suite cette vidéo parce que plus tard, ça se trouve, vous serez mort et vous serez bien emmerdé d’être passé à côté d’un bon fou rire.
2 avril 2014
Chroniques de la débrouille
Abordons d’abord un sujet d’importance. Un Chinois vient de raquer la plus grosse somme jamais dépensée pour l’achat d’un chien : quasi 2 millions de dollars.
Enfin… un chien… un truc comme ça (un dogue du Tibet) :
Ou comme ça (ça dépend de la coupe que tu lui fais) :
Comment tu peux claquer 2 fucking millions de dollars dans un clebs ? Dans un intestin géant entouré de poils ? Comment ? Pourquoi ? Cet homme n’a pas d’entourage pour lui arracher sa carte bancaire ? Il ne sait pas qu’il existe des petites free-lances qui n’attendent que l’arrivée d’un généreux mécène dans leur vie misérable ?
Pfff… Ca me dégoûte.
Bah en fait non.
Ce n’est pas le produit du Titiou’s challenge book. (Que j’ai bientôt fini oui quand même mais qui sortira dans longtemps. En janvier. 2015.) (J’arrive toujours pas à croire qu’on est vraiment en 2014.) (Et qu’en 2014, Valéry Giscard d’Estaing est encore en vie.)
Donc, il s’agit d’un autre livre. Ca s’appelle Sans télé, on ressent davantage le froid, c’est sous-titré Chroniques de la débrouille, il a été fait avec du papier à base de « fibres certifiées »et il coûte 18,50 euros. (Ca fait de l’argent mais sachez que j’ai insisté pour qu’il soit à moins de 20 euros.)
Mais reprenons depuis le début.
Au début était ma boite mails dans laquelle, l’an dernier (2013, vous y croyez que 2013 c’est déjà le passé ?) arrivaient à un rythme hebdomadaire des messages étranges d’une certaine Alexandrine, éditrice, qui aimait beaucoup ce que je faisais, notamment le blog et qui aurait adoré qu’on déjeune ensemble pour discuter d’un projet d’adaptation dudit blog.
C’était sympa ces messages mais comme elle m’écrivait à l’heure des Feux de l’amour, j’avais jamais le temps de lui répondre.
Au bout d’un long moment, elle continuait à me parler de ce merveilleux déjeuner comme si on avait déjà pris rendez-vous et j’ai fini par être passablement admirative de sa persévérance. (Un trait de caractère qui m’impressionne toujours, sans doute dû au fait que j’en suis totalement dépourvue.) Et j’ai craqué. J’ai dit ok, mangeons et je vais t’expliquer pourquoi je ne vais pas adapter mon blog en livre.
Parce que :
Comprendre :
1°) moi madame je ne fais pas du réchauffé, je ne fais que de l’inédit (sauf quand il s’agit de sexe mais bon)
2°) l’écriture web, ou en tout cas celle que j’ai sur le blog est très particulière et ne surporterait pas le passage au papier
3°) les blogueurs qui prennent leurs 100 derniers posts, les agraphent et les envoient à l’imprimerie, je suis pas franchement pour.
4°) j’ai toujours refusé de monnétiser le blog, de foutre de la pub dessus, de relayer les communiqués des attachés de presse.
Donc j’ai rencontré Alexandrine. Je ne sais plus trop ce qu’elle m’a dit, je me souviens par contre très bien que je regardais ses seins avec envie. (Alexandrine ne s’habille qu’avec des nuisettes en dentelle, par-dessus lesquelles elle porte un gilet ou un manteau selon la température. En même temps, vu comment elle est gaulée, elle aurait tort de s’en priver.) Alors qu’on finissait de manger et j’étais en train de me demander si elle portait un soutif push-up, elle m’a demandé “donc, tu es ok ? Si tu veux, je te laisse quelques jours pour y réfléchir mais je suis tellement heureuse qu’on travaille ensemble, ça va être formidable!”
Là, j’ai un peu paniquée.
Mais j’ai finalement dit oui.
Parce que :
Comprendre :
1°) des gens à qui je fais confiance et qui ne sont pas mon banquier, m’ont dit que c’était une bonne idée
2°) parce que pour les cinq ans du blog, je sentais que j’avais besoin d’en faire quelque chose. Juste, je ne savais pas quoi. Mais que pour moi, ces 5 années marquaient quelque chose. (On peut dire sans exagérer que c’était un peu les cinq années les plus essentielles de mon existence.)
3°) parce que dans le blog, il y a du pourri, du déchet mais il y a aussi des textes longs que j’aime beaucoup et qui, à mon grand désespoir, sont enfouis dans les archives et exhumés de temps à autre par les lecteurs fous qui décident de tout lire par ordre chronologique (merci à eux). Or si les textes d’analyse du web, j’ai pu en reprendre dans l’Encyclopédie de la webculture, ces textes-là n’ont leur place nulle part. Où est-ce que tu veux recaser un post sur le fait que t’as poireauté 30 minutes à Leroy Merlin ou alors que t’as eu une gastro ?
Mais pour que ça ne fasse pas un livre pourri, il a fallu que je bosse dessus comme une damnée – et Alexandrine aussi. (C’est très impressionnant quand tu rencontres quelqu’un qui excelle dans son boulot. En voyant ces suggestions de corrections, alors qu’elle relisait le texte pour la trentième fois, j’ai compris ce qu’on appelle le « professionnalisme ».) Pour réécrire les textes que je gardais à cause du style trop web, pour écrire de nouveaux textes, pour que l’ensemble raconte une histoire.
Ce qui nous amène à pourquoi acheter ce livre ?
Comprendre :
1°) pour me faire plaisir. Parce que franchement, en cinq ans et demi de relation, je ne t’ai jamais rien demandé, même pour mon anniversaire.
2°) parce que tu vas aimer. Oui. Le résultat est assez réussi je trouve. C’est abouti, ça fait un vrai livre. Bah forcément, ça été tellement réécrit…
3°) parce que c’est un vrai récit alors que sur le blog, tout est éclaté, dispersé. Là, j’ai comblé les trous de narration (Par exemple, dans le livre, je n’accouche pas comme ça du jour au lendemain.)
4°) parce que c’est drôle et que tu vas pouvoir l’offrir à ces gens qui ne lisent pas mon blog alors que pourtant tu es sûr que ça les ferait marrer.
5°) mais surtout parce que tu sauras ce qui est arrivé à Tikka. (Oui, cette histoire a un dénouement… GROS SUSPENS.) (Tu apprendras aussi pourquoi Brice Nane Teinturier s’appelle ainsi.)
6°) parce que je viens d’inventer le photo-boobs-book (j’ai pensé être un génie du marketing jusqu’à ce que je me rende compte que du coup, le titre du bouquin était inversé…)
(Je vous montre un peu mes seins mais franchement, après vous avoir montré mon placenta, je crois qu’on au-delà de ce genre de familiarités non ?)
Et puis aussi parce qu’à la fin, je vous dis merci. (Tu as 10 secondes pour trouver la seule coquille du livre qui est pile dans cette page…)
Pas à tous individuellement hein, je suis désolée, j’ai dû limiter à ceux qui avaient le plus souvent commenté mais quand même, le coeur y est, les amis.
Merci.
16 mars 2014
Point MILF : la visite médicale
Les lecteurs les plus attentifs (ou les psychopathes) auront remarqué que cette année, je n’ai pas évoqué l’anniversaire de Têtard. Franchement, j’avais rien à en dire. (D’ailleurs, vous aurez peut-être remarqué qu’en ce moment, j’ai pas grand chose à dire sur la vie en générale.) Jusqu’à la visite médicale des deux ans.
Ce que j’imaginais : malgré un rendez-vous pris un mois à l’avance, j’allais poireauter une heure dans la salle d’attente pleine d’enfants malades parce que c’est dans l’essence de la pédiatre d’être en retard. Puis, à ma grande joie, elle allait mesurer et peser le produit de mes entrailles. (Comme j’ai eu un bébé-rgo, je suis complètement obsédée par ses courbes de croissance.) Ensuite, elle allait me demander s’il parlait et après j’allais faire un chèque.
Ce qui s’est vraiment passé. J’ai poireauté une heure dans la salle d’attente pleine d’enfants malades. Mais là, faisons une pause. J’étais venue avec Têtard et sa mamie d’amour, la mère du Chef.
Comment vous décrire la Chef-Mère ?
Disons qu’au début, quand j’ai découvert que le Chef téléphonait à sa mère tous les jours, un énorme panneau ALERTE a clignoté dans ma tête. Y’a des indices comme ça qu’on ne peut pas ignorer. Des trucs auxquels la femme de Marc Dutroux aurait dû prêter davantage attention. Je veux dire : tu ne peux pas à la fois être obsédé par la météo ET appeler ta mère quotidiennement. C’est trop pour un seul homme.
Et puis j’ai rencontré la Chef-Mère et j’ai compris. Maintenant, moi aussi je suis en contact permanent avec elle. Quand tu rencontres les parents de ton/ta partenaire, tu te dis que tu vas comprendre un truc important sur lui/elle. Tu vas voir à quel point il/elle a réglé son Oedipe, s’il t’a choisi(e) en opposition ou en miroir de sa mère/son père. Alors dans le cas du Chef, je me contenterais de vous dire que Chef-Mère boit, fume et fait des blagues de cul. Déduisons-en ce que vous voulez.
Je crois qu’en deux ans, je n’ai jamais vu cette femme rester assise plus de dix minutes d’affilée. Quand elle vient chez nous (elle arrive de cette lointaine contrée que s’appelorio l’Auvergne), elle pose sa valise, son sac à dos et dit “ouh… mes chéris, c’était fatigant le train, où est mon verre de vin blanc ? Comment ça il est pas encore servir ?” et la minute suivante, elle commence à débarrasser la table, nettoyer l’évier de la cuisine, lancer une machine, passer un coup de balai, ramasser les jouets qui traînent. Tout ça en nous parlant comme si elle était attablée avec nous pour prendre l’apéro. (Alors que nous, on est affalé comme des merdes en train de la regarder.) En général, elle ne s’arrête pas pendant 24 heures, sauf pour demander “où est mon verre de vin ? Où sont mes clopes ? Qu’est-ce que tu fais là ma Titiou ? Retourne tout de suite travailler!” Quand elle a fini de briquer la maison, elle s’approche d’une chaise mais au dernier moment elle la contourne pour aller chercher le fer à repasser et la table à repasser (qu’elle nous a achetés enfin… qu’elle s’est acheté pour chez nous) puis elle se plante devant l’armoire de son fils et elle en sort une cinquantaine de chemises. Après, elle passe le reste de son séjour à repasser. (C’est la partie où elle te dit qu’elle se “repose”.) (Notons également que Chef-Mère est une véritable féministe. Mais de ces féministes qui repassent les caleçons de leurs fils.) (Je crois que l’amour maternel, c’est ça.)
De manière général, elle est plutôt… stressée. Quand Têtard a eu 10 mois, elle a décidé qu’il était grand temps qu’il se mette à marcher. Parce que son fils, tu comprends, il a marché à quatre mois, il a parlé à cinq mois, il a appris à lire à un an. C’était un génie. Tout Vichy était en admiration devant ce prodige. Elle essuie les verres en même temps et elle demande où est-ce qu’on range les plats, avant de reprendre “mais bon, après il a plus rien foutu pendant toute sa scolarité à part jouer au baby-foot, s’il y avait eu l’option baby-foot au bac, il aurait eu la mention très bien ce grand dadais”. A l’inverse de son fils cadet qui franchement n’était pas un bébé précoce mais plus tard, est devenu un homme tellement intelligent, fin, spirituel, merveilleux, travailleur, qui s’en est sorti seul dans la vie, quelle fierté, elle marque une petite pause avant de soupirer “dommage qu’il soit de droite…”.
Bref. Comme Têtard s’était mis debout à l’âge de 4 mois, il était essentiel qu’il continue de développer ses incroyables facultés. Alors elle s’est livrée à tous les subterfuges possibles. Tu veux ton doudou ? Lève-toi et marche. Tu veux un bisous de ta mamie chérie ? LEVE TOI ET MARCHE. Dans le même ordre d’idées, pour ses deux ans, elle lui a offert un alphabet… Il faut savoir que de mon côté familial, ma mère était plutôt en mode “mais laissez-le tranquille cet enfant, il marchera quand il aura envie”. (Perso, je suis restée collée comme un mollusque à ma mère h24 jusqu’à l’âge de 3 ans et demi, en développant un langage qu’aucun linguiste n’a jamais réussi à percer à jour mais qui m’a valu cinq ans d’orthophoniste.)
Tout ça pour dire que Chef-Mère est hyper angoissée. Et en toute logique, au lieu de faire un boulot qui aurait calmé ses angoisses, du genre fleuriste, elle a plutôt préféré devenir journaliste spécialisée dans les faits divers scabreux. De ce passé professionnel, elle a tiré deux choses : un goût immodéré pour te raconter pendant le dîner des histoires de réseau de prostitution de bébés qui finissaient ensuite débités en tranche et jetés aux chiens, et une connaissance encyclopédique de tous les accidents domestiques entrainant LA MORT des enfants. (Mort physique ou juste cérébrale, elle maitrise aussi bien les deux sujets.) Pendant un an, on a pas eu le droit d’ouvrir les fenêtres chez nous quand elle était là parce qu’elle pensait que Têtard – grand génie précoce – allait grimper et se jeter dans le vide. (Une inquiétude qui s’est également étendu à Brice Nane Teinturier, le chat.) Elle nous a aussi fait jeter une veilleuse parce qu’elle risquait de prendre feu et de nous faire tous périr. (Par contre, chez elle, tous les produits ménagers avec la tête de mort sur l’étiquette sont rangés pile à hauteur de bébé. Mais ça fait partie du charme de ses contradictions.)
On a poireauté dans la salle d’attente. Une fois que la pédiatre a été certaine que Têtard, Chef-Mère et moi-même avions chopé l’intégralité des virus qui se promenaient dans ces 10 mètres-carrés, elle nous a reçus.
Et là, elle a sorti une mallette.
Chef-Mère, pour rigoler, a dit “c’est la mallette des deux ans”.
La pédiatre a répondu pas du tout pour rigoler “oui”.
Léger silence.
Jusque là, toi jeune parent, t’as toujours entendu des trucs rassurants, égalitaires à base de “chaque bébé se développe à son rythme”. Mais arrivé au cap fatidique des 24 mois, paf, on t’apprend que c’est fini tout ça. Que bientôt on va pouvoir déterminer s’il est intelligent ou con comme un manche à cul. (Le manche à cul n’existant pas, j’en déduis qu’il s’agirait d’un objet particulièrement absurde.)
L’autre problème de la mallette des deux ans, c’est que, comme vous allez le constater, elle a dû être mise au point en 1975.
D’abord, la pédiatre en sort des images. Quatre. Et elle demande à Têtard de nommer les objets dessus.
Je présuppose qu’il a senti que le niveau de stress de Chef-Mère et moi avait grimpé en flèche. On a tout de suite compris qu’il allait passer le premier examen de sa vie et qu’on ne lui avait rien fait réviser. C’est un peu con comme idée parce que la pédiatre, elle va pas te dire “ah bah non, il n’est pas accepté pour avoir deux ans”. Mais bref.
Il ne dit rien.
Putain… Il sait différencier une casquette d’un bonnet mais j’avais pas prévu le coup du chapeau de paille d’actrice de boules poilue de la chatte.
Ensuite, un canard et une vache. Soit les deux seuls animaux au monde pour lesquels il ne dit pas leur nom mais il imite – mal – leur cri. (Mal puisqu’il n’en a jamais vu en vrai, et qu’il reproduit juste le bruit des livres sonores.) Donc il a dit “coin” et “meu”.
Là j’ai craqué, j’ai dit à la pédiatre “non mais je vous jure qu’il sait très bien parler”.
La Chef-Mère a commencé à s’énerver “mais tu sais ce que c’est. DIS-LE. DIS QUE C’est UNE Vvvvv… vvvvvaaaaaaa…”
Y’a que le ballon qu’il a nommé. Et encore, on lui foutait tellement la pression que ça s’est transformé en un timide “baon ?”. Ensuite, y’a eu à peu près la même chose sauf que la pédiatre nommait l’objet et lui demandait de désigner le dessin correspondant. Semi-échec. Il faut dire qu’on lui montrait des crinolines et des calèches. Alors que, bordel, y’aurait eu un camion-poubelle, un téléphone portable et un ordinateur, il nous les citait dans l’ordre et limite il les épelait. C’est quoi aussi ces vieux tests pourraves.
Après, elle a posé devant lui des micros cubes en bois pour qu’il les empile. Il devait en empiler 3 minimum pour réussir son examen.
Il en prend un. Le met soigneusement sur un autre. Super… On retient notre souffle. Il nous regarde et là, au milieu du silence religieux qui accompagnait chacun de ses gestes, il s’exclame “badabouuummmm” en les jetant d’un revers de main. Je lui en tends un autre pour qu’il recommence. Chef-Mère me crie “ne l’aide pas! Tu triches!” puis s’adresse à sa descendance “mais empile-les!!!”.
Peine perdue.
La pédiatre a dit “ça me suffira” sur le même ton las que mon prof de math de seconde pour valider mon passage en L.
Par contre, il a très bien réussi deux trucs : taper dans un ballon, et la pesée. Parce que pour s’empiffrer de bouteilles de yop et de nesquick, y’a du monde.
Et pour finir, la prise de la tension. La pédiatre écoute ce coeur parfait que j’ai moi-même créé et prend une mine étonnée. Elle nous dit “il a une tension élevée”. Et là, Chef-Mère fait un truc génial. Elle s’est lancée dans une explication généalogique de la tension (même pas dans sa famille, dans la famille de son ex). “Ah ça… C’est de famille… Son arrière-grand-père est mort d’un infarctus à 39 ans vous savez.
– Ah bon ?
– Oui. Il a fait sa première crise cardiaque à 19 ans quand il a échappé de justesse à la rafle du vél d’hiv où tout le reste de sa famille a été arrêtée puis déportée. Il était pas chez lui pendant la rafle, il est arrivé juste après, et il a découvert qu’ils avaient embarqué tout le monde et il a fait un malaise… (Là, j’ai eu une pensée compatissante pour les parents qui poireautaient depuis 1h30 dans la salle d’attente avec leurs mômes subclaquants.) Son grand-père aussi a un problème de tension. Comme mon fils. Mais ce grand dadais refuse de voir un médecin. Peut-être qu’il ira consulter le jour où on installera des baby-foots chez les toubibs. En tout cas, dans cette famille, les hommes sont fragiles du coeur. Et ils en meurent.
Ce qu’il fallait évidemment comprendre c’est que la tension élevée de Têtard était le symbole de son appartenance à une famille juive déportée. Le stigmate que porteraient à jamais les descendants des déportés.
Alors qu’en vrai, Têtard avait sans doute une tension élevée parce que 1°) il est perpétuellement suractif, 2°) il avait senti qu’il venait de ruiner tous les espoirs de sa grand-mère et de sa mère et que j’étais en train de consulter les sites de maternelles spécialisées en sport-études.
La pédiatre a dit :
– C’est toujours intéressant de savoir quand il y a ce genre d’antécédents familiaux.
Chef-Mère m’a dit :
– Tu vois que je suis utile. J’ai bien fait de venir.
La pédiatre a tempéré son enthousiasme en rajoutant :
– Mais bon, son arrière-grand-père, c’est assez loin quand même.
Au final, on est sorties de là en se disant qu’il allait mourir d’un infarctus avant la quarantaine et qu’il ne pourrait même pas prendre de médicaments pour augmenter son espérance de vie vu qu’il n’aurait jamais réussi à apprendre à lire correctement.
Mais heureusement, la preuve du génie absolu de Têtard a été apportée peu de temps après. Je racontais précédemment comment, étrangement, mon fils s’était mis à dire « putain… » à la moindre contrariété. Mais il a vite compris qu’il n’avait pas le droit. Alors il a fait quoi ? Il a inventé son propre juron. C’est « roudin ». « Roudin, c’est chaud », « pas changer la couche, roudin! », « pas dodo, roudin! ». Et là, qu’est-ce que vous voulez qu’on lui dise ? A part BRAVO.
(Photo prise chez Chef-Mère, la porte de placard entrebaillée à l’arrière-fond c’est celle des produits ménagers mortels.)
2 mars 2014
La complexité du corps, Jésus est une femme et Spirou
Depuis que j’ai découvert son existence, je me pose moultes questions sur notre humanité. Valeria Lukyanova.
Nonobstant une part non négligeable de photoshop, la meuf est quand même impressionnante. Elle a dû se faire retirer plus de côtes qu’une actrice hollywoodienne des années 50. (Vous pouvez aller vous délecter de ses photos sur son Facebook vu que c’est quand même l’essentiel de son activité.) (Vous pouvez également savourer son tuto maquillage dont l’ambiance sonore et visuelle n’est pas sans rappeler la 1ère année de licence d’Agent des pompes funèbres.)
Mais jusqu’à présent, je pensais connement qu’elle souffrait d’une pathologie psychiatrique et que par amour des freaks, on la laissait en liberté.
En fait, non.
En vrai, elle est aussi con qu’un balai à chiottes avec des seins.
Evidemment, il y avait eu des indices que j’avais négligés. Comme le fait qu’elle ait été envoyée sur Terre (en vrai, elle vient de Vénus hein) (je le précise au cas où ça vous ait échappé) pour nous faire passer “du stade d’humain consommateur à celui d’humain demi-dieu”. Son obsession de la transformation physique ? Oh, c’est juste un moyen de promouvoir ses idées spirituelles et, comme elle l’affirme, “it works perfectly well”. (L’interview est à voir ICI.)
Et oui… En même temps, ça se trouve, cette meuf c’est vraiment une réincarnation de Jésus et nous, on est là à se foutre de sa gueule… enfin… de son visage cybernétique.
Mais on va moins rigoler dans quelque temps parce qu’elle s’apprête à accomplir un miracle. L’exact opposé de la multiplication des petits pains. Elle va se nourrir d’air et de lumière.
J’invente pas.
C’est elle qui le dit. Elle va suivre les préceptes du Breatharianism « In recent weeks I have not been hungry at all; I’m hoping it’s the final stage before I can subsist on air and light alone… » Les dernières semaines, je n’ai pas eu faim du tout; j’espère que c’est la dernière étape avant que je puisse vivre uniquement d’air et de lumière. On a donc trouvé la seule meuf au monde qui ferait passer Tom Cruise pour un mec sain d’esprit et plutôt rationnel.
L’avantage, c’est qu’on va vite être débarrassé d’elle.
– ça n’a rien à voir QUOIQUE… sur Twitter je suis tombée là-dessus :
My fucking god… J’ai pas encore testé mais si c’est vrai, c’est une révolution et Apple et Google peuvent aller crever. Ils ne m’impressionneront plus jamais avec rien.
Ceci étant, c’est quand même un évènement qui révèle un changement important : la prise de parole aux Etats-Unis des associations “trans” (transgenre et transexe). Une part de la population que l’on n’entend pas du tout en France (la France, le pays où t’as l’impression qu’il n’existe pas de trans). Vu notre retard chronique sur ce genre de sujets, je pense qu’on leur prêtera attention et qu’on reconnaitra leurs droits d’ici une vingtaine d’années.
Ca parait très loin de la plupart d’entre nous. Et pourtant, j’ai compris l’importance de ces questions il y a quelques mois, en lisant un livre. Comme quoi, les livres, ça sert à quelque chose. Ce bouquin c’est Corps en tous genres d’Anne Fausto-Sterling. Et comme ça a représenté une véritable révolution conceptuelle dans mon petit cerveau, je me suis dit qu’il était temps de le partager avec vous.
Attention, je vous préviens d’entrée de jeu : c’est un bouquin scientifique. D’ailleurs, Fausto-Sterling est neurobiologiste. Mais avec mon bac L, j’ai quand même réussi à le finir.
Si on reprend les “débats” (j’ai du mal à appeler ça débat mais bref) de ces derniers temps sur le genre, il y avait une phrase qui revenait sans cesse dans les deux camps : évidemment, il y a des femmes et des hommes, et ils sont différents. (Pour des raisons essentialistes ou déterministes, selon votre bord.) Qu’est-ce qui permet de différencier biologiquement un homme et une femme ? Jusqu’à présent, ça paraissait clair. On a tous à portée de main un ensemble de notions mal digérées mêlant organes sexuels, organes reproducteurs, gonades, oestrogènes, testostérone, chromosomes XY ou XX etc.
Et si cette affirmation était fausse ? Et si ce n’était pas aussi évident qu’on le pense tous ? C’est la base de recherche de Fausto-Sterling. Autant dire qu’elle est loin des questionnements sur le genre. Ce qui est dingue c’est qu’elle parle de biologie, alors que c’est justement la biologie qu’invoquent toujours les anti-mariages pour tous/anti-genre, regardez, un homme et une femme c’est biologiquement différent hein… enfin bon, ça saute aux yeux quand même. Elle, elle vous dit “en tant que scientifique, ça ne me saute pas aux yeux”.
Ok, ça parait bizarre.
Alors expliquons.
Elle part d’un sujet d’actu : les JO. Aux JO, les sportifs concourent comme homme ou femme.
En 1998, Maria Patino, championne du saut d’obstacles, arrive aux JO en ayant oublié son “certificat de féminité”. Mais bon, ça saute aux yeux qu’elle est une femme. Elle va faire la visite de contrôle, une analyse génétique. Et là, choc absolu, on lui annonce qu’elle n’est pas une femme. Elle a un chromosome Y, son vagin dissimule des testicules. Elle est exclue de l’équipe. Mais elle sait qu’elle est une femme. En réalité, elle a une insensibilité aux androgènes, ces cellules ne détectent pas les hormones masculinisantes, mais sont sensibles à l’oestrogène. Elle a donc des seins, une taille fine. Elle est physiquement extérieurement une femme.
Alors, Maria Patino, homme ou femme ? D’un coup, l’évidence ne l’est plus tant que ça et c’est tout notre système de pensée dualiste qui se prend une grande beigne dans la gueule.
Vous vous dites peut-être XY + testicules = homme. Mais quand elle a contesté le verdict du CIO, elle a été réintégrée en tant que femme parce que la structure de son bassin et de ses épaules était suffisamment féminine. Donc le CIO a fait un choix en fonction de la discipline sportive. Mais alors, si un homme a un tout petit bassin, pourquoi ne pourrait-il pas d’emblée participer aux épreuves féminines ?
Comment déterminer l’appartenance à la catégorie homme ou femme ? Avant 68, les concurrentes aux JO devaient défiler nues devant un jury. Seins + vagin = femme. Mais comme c’était perçu comme une pratique humiliante, le CIO a changé ses méthodes. Après 68, c’est le dépistage chromosomique qui prévaut. Or ces différentes méthodes peuvent attribuer un sexe différent à un même individu. On s’éloigne de plus en plus de la fameuse Evidence. Nos corps sont parfois plus complexes que nos schémas de pensée.
Et il existe encore d’autres critères. Fausto-Sterling explique que les médecins, qui hésitent sur le sexe d’un bébé, choisissent le critère reproductif. Si un bébé nait avec des trompes de Fallope, un utérus, des ovaires, même si extérieurement il a un pénis, ils décident que ce sera une fille parce qu’elle peut biologiquement enfanter. Ce n’est qu’un critère, choisi plus ou moins arbitrairement, en fonction duquel, les médecins préconiseront une ablation du pénis et la prise d’hormones pour faire du bébé une “vraie” femme complète. Fausto-Sterling traite longuement des cas d’intersexes. Elle y montre, en remontant dans l’histoire, comment ces cas sont typiques de notre manière d’appréhender le sexe biologique, et donc comment nos catégories de pensée ne sont que des normes. Femme ou homme, il faut être l’un des deux. Complètement. Entièrement. Tout individu présentant biologiquement un mixte des deux est considéré comme anormal, malade, devant être guéri. Même si en réalité, il/elle est en très bonne santé. (Evidemment, on ne parle pas de cas où il existe un risque pour la santé.)
Ce que je veux dire c’est… Et si homme et femme n’étaient que les deux bornes opposées d’un schéma caricatural mais qu’en réalité, la majorité d’entre nous se trouvait sur la palette de nuances entre les deux. L’Homme et la Femme en étant que référent ne seraient que des stéréotypes poussés à l’extrème qui n’incluent jamais la complexité de notre identité réelle, y compris notre identité corporelle, chromosomique, génétique, hormonale. Cette part de nous-mêmes qu’on croit pourtant évidente, transparente. L’humanité ne serait plus divisée à la hache entre hommes et femmes (et ceux qui ne correspondent pas exactement à cette partition ne seraient plus perçus comme des anomalies) mais tout serait une question de degrés. Les « anomalies » seraient dès lors comprises dans cette fourchette et non plus rejetées à l’extérieur. Vous allez me dire que le cas de Maria Patino est rarissime. Mais qu’en sait-on ? Je connais au moins deux hommes (barbe + pénis + testicules) qui ont des petits seins, et ont même eu des montées de lait à l’adolescence. C’est hormonal. Mais ils le vivent comme un truc honteux dont ils ne parlent jamais et, à l’un d’entre eux, un médecin a suggéré de prendre un traitement. Pas besoin médical, mais par besoin normatif.
Le bouquin (que je conseille à ceux qui sont intéressés par le sujet) est aussi une recherche historique sur la manière dont au fil du temps notre vision de la nature biologique des hommes et des femmes a évolué. (Par exemple, dans l’antiquité gréco-romaine, les hermaphrodites étaient vus comme des êtres complets, supérieurs, alors que les hommes et les femmes étaient imparfaits.)
Thomas Beatie, considéré comme le premier homme enceint. Pour une explication le wikipédia fr, pour plus d’explications le wikipédia us.
15 février 2014
Le café, les épreuves et Nora Hamzawi
D’abord, est-ce qu’on peut parler de Nora Hamzawi ? Parce que Coach et moi, on est un peu tombés amoureux d’elle. (Et pas seulement parce qu’elle est jolie avec des cheveux qui brillent.) Ca a commencé à un déjeuner pendant lequel on s’est rendus compte qu’on avait chacun de notre côté passé la semaine à écouter ses chroniques. (C’est rassurant, ça veut dire que parfois nos discussions portent sur autre chose que l’énumération de mes problèmes.) Le soir-même, je stalke un peu Nora et je découvre qu’elle me suit sur Twitter. Là, clairement dans le but infâme de me la péter, j’envoie un mail à Coach pour lui dire. Il me répond “marrant, elle me suis aussi, d’ailleurs je lui ai envoyé un message pour lui dire que j’irai voir son spectacle, et elle insiste pour me filer deux invits, tu veux venir?” C’est ça un Coach, ça a toujours une longueur d’avance sur vous.
Donc on y est allés. Et on a ri. Son spectacle est super (juste trop court). L’extrait qui tourne le plus sur l’Internet, c’est celui sur la sodomie. Mais en vrai, elle parle d’autre chose que de cul (elle aborde entre autre un sujet qui m’est cher : les bouteilles d’eau). Y’a un truc qui me fascine dans son écriture et son débit (et les crescendos énumératifs qu’elle arrive à faire, l’énumération étant une forme de liste, c’est forcément quelque chose qui me plait) mais j’arrive pas à définir exactement quoi. Je crois que c’est la manière dont elle arrive à jongler entre le crescendo hystérique et la rupture de rythme brusque. Bref, elle a son truc à elle, qui ne ressemble à aucun des autres « jeunes humoristes » qu’on voit en ce moment. Tenez, d’ailleurs, regardez une de ses chroniques sur France Inter :
Nora Hamzawi : « Les Maths » par franceinter
Et sinon, où en est mon Titiou’s Challenge book ? (Comme le demandait hier soir un membre du Diable Vauvert…) On va poser tout de suite un truc : quand je n’écris pas sur le blog, ça veut dire que le roman avance.
…
Ouais.
Bin voilà quoi.
Un jour, dans l’histoire de la littérature, un éditeur a dit “nous appellerons ça, la torture”. Un autre a répondu “LES tortureS, c’est plus classe au pluriel”. Le dernier a rajouté “je trouve ça un peu violent, ça risque de les effrayer. Que diriez-vous d’appeler ça les épreuves ?” Et ils tombèrent d’accord.
Fut alors créée la corvée des épreuves.
Pour les néophytes, les épreuves, dans le patois de l’édition, c’est ton texte sur lequel tu as bossé comme une acharnée, réécrit et corrigé dans tous les sens, ce texte que tu ne supportes plus et dont tu n’es pas loin de penser qu’il est la pire chose que la terre ait jamais porté en son sein, ce texte donc que ton éditeur te renvoie comme une claque en pleine gueule, en version papier et mis en page, prêt à partir à l’impression. Enfin… Prêt, une fois que tu l’auras relu une dernière fois pour le corriger.
LES EPREUVES
C’est un problème de riche vous allez me dire. Un caprice d’enfant gâté. Mais non.
Permettez-moi de vous conter une anecdote pas du tout à mon avantage. Pour les Morues, j’avais évidemment dû passer par la case Epreuves. On pourrait se dire que premier roman = joie et enthousiasme. Et bah pas du tout. Ca a même été les pires épreuves à relire. Je gerbais littéralement ce texte. je ne pouvais plus le voir. Du coup, je me suis forcée à relire mais en le regardant de côté, un peu de biais, ce qui, nous allons le voir, n’est pas la meilleure technique de correction.
Je valide donc les épreuves. (Moi et une autre personne dont je tairai le nom mais dont le prénom est Charles.) Elles sont envoyées pour impression des exemplaires sans couvs destinés à la presse.
Et quelque temps plus tard, je reçois un coup de téléphone de Mama Mazauric littéralement folle de rage. Je m’en souviens parfaitement, il faisait beau, j’étais sur ma terrasse et c’était la première et seule fois que j’ai entendu Mama Mazauric me hurler dessus. Elle me crie que je n’ai pas relu mes épreuves. Beuh… si. Il se trouve qu’il m’avait échappé que quelque part dans le processus de mise en page, toute une partie d’un chapitre avait sauté. Mais genre pas un passage anodin non. Une partie qui était pile la résolution de l’intrigue policière. Heureusement, des journalistes consciencieux avaient prévenu Marion.
La honte et la mortification s’abattirent sur moi.
L’avantage, c’est que ça m’a servi de leçon et j’ai compris pourquoi il fallait bien relire les épreuves.
Mais là, quand on m’a renvoyé ça :
ce truc dont j’avais été tellement exaltée de me débarrasser quelques semaines auparavant, j’ai senti le goût métallique du sang et les cendres de la mort dans ma bouche. En fait, je le sens toujours. Je crois que j’ai plus envie d’assister à la mise à mort d’un panda et que de me confronter à cette corvée. Et pourtant, je vais le faire. (Je rajoute ça uniquement à destination d’Alexandrine, mon éditrice, qui va m’envoyer un texto inquiet après avoir lu mon post.)
Sinon j’ai pu observer un moment de délire new-age de mon éditrice. Ca s’est produit à la page 174, au dos, elle a écrit ça :
Et franchement, je n’ai aucune idée du sens que ça pouvait avoir dans son esprit même si je trouve ça assez beau. (Si elle disparait dans un mystérieux accident ce week-end, je saurai que ça a sans aucun doute un rapport avec ce code secret.) J’ai passé un long moment à regarder cette annotation en me demandant quelle clé de cryptage elle avait utilisée. Peut-être qu’elle m’organise une chasse au trésor ? Peut-être qu’elle essaye de me dire un truc existentiel ?
Mais j’ai pas trouvé.
Ceci étant, avant cette pause dans le roman (dûe à un problème d’intrigue secondaire), je bossais studieusement tous les aprèms au café, et franchement ça marchait bien. (Bien = j’abattais des pages comme un bucheron.) (Mais ce n’est pas un Bien qualitatif puisque les bucherons ne sont pas connus pour la subtilité de leur style.) Ces séances au café étaient l’occasion de redécouvrir l’humanité. (Et que l’étalage de sa vie privée dans une sphère semi-publique ne date pas de Facebook.)
Étudiants au café « T’as jusqu’à vendredi pour passer une bonne semaine »
« Tu sais mon père il est alcoolique et bah depuis qu’il est à la retraite il a arrêté de boire. – Bah qu’est-ce qu’il fait de ses journées alors? – Il est avec ma mère, il joue du piano, ils regardent des films, ils font des trucs ensemble. Le truc c’est qu’il va replonger à un moment, c’est sûr. Mais on sait pas quand. » La même, quelques minutes plus tard. « Ma belle sœur est anorexique.
– C’est dingue, la mienne aussi ! Je la déteste. Elle est belle la tienne ? Parce que la mienne elle est affreuse. Vas-y raconte ! »
Couple silencieux pendant longtemps. Puis elle dit: « Tu sais quoi ? Je vais rentrer chez moi et me tirer une balle.
Lui : – Je t’ai dit que j’étais pas comme toi.
Elle est partie et il est resté finir son assiette de frites en passant des coups de téléphone professionnels au sujet d’un gala qu’il devait annuler. Quand la serveuse lui a demandé « ça a été ? » il a juste commandé un café.
Café entre deux femmes au foyer qui portent des lunettes de soleil. 22 minutes sur une camionnette mal garée en bas de chez elle. Puis astuces contre l’insomnie.
– Moi quand je suis fatiguée, j’écoute mon corps et je m’endors.
– Moi je préfère prendre le Elle et lire.